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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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travail riche de contacts humains et de la satisfaction de faire souvent du

bien dans une population miséreuse.

Comme en toute collectivité, il y aura quelques brebis galeuses. Les

fonds importants mis à la disposition de ces gestionnaires improvisés

pourront tourner quelques têtes. On verra quelques bordjs somptueux. On

verra quelques nababs, plus chefs de bande que pacificateurs. Ils seront peu

nombreux, dans le fond, parmi les 700 officiers S.A.S. implantés en

Algérie.

L'impact de la S.A.S. est, comme on l'a dit, fonction de la personnalité de

son chef mais en général le but recherché sera atteint. La population trouve

aide et conseil. Le contact se renoue entre la France et ses administrés.

Discrètement, des renseignements remontent. Contrepartie, ces S.A.S.

isolés en plein bled, sont vulnérables. Plus d'un lieutenant ou capitaine

tombe, alors que seul ou presque il visite les anciens douars : Jean de

Pouilly, Yves Schoen et combien d'autres. 73 officiers S.A.S. paieront de

leur vie leur rayonnement qui contrecarre l'action du F.L.N.

*

* *

Officiellement, la France, en Algérie, n'est pas en guerre. Avec qui le

serait-elle du reste ? Aucun belligérant n'a officiellement rompu de traité.

Des individus regroupés au sein d'une association subversive appelée F.L.N.

suscitent des troubles. En termes juridiques, cela s'appelle une association

de malfaiteurs... Pour la loi française, c'est tout. Le pays est en paix, les

fauteurs de troubles tombent sous le coup de la législation avec ce qu'elle

implique de répression et de sauvegarde. De là les procès-verbaux, les

commissions rogatoires, les perquisitions relevant de la seule maréchaussée,

etc. Les unités ouvrant le feu doivent rapporter les douilles vides. Au retour

de chaque opération, les munitions sont décomptées... Tout incident

implique un rapport d'officier de police judiciaire. La légalité, si respectable

soit-elle, n'est pas toujours synonyme d'efficacité sur le terrain.

D'autant qu'il est un cas très précis : les prisonniers faits sur le terrain.

Quel sort faut-il leur réserver ? Ces hommes pris les armes à la main ou en

état de révolte manifeste sont-ils à traiter en prisonniers de guerre, détenus

de droit commun, bandits de grands chemins ? Si oui, comment situer ceuxlà

qu'en 1955 on désigne du nom de H.L.L., les hors-la-loi, et qui peu à peu

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