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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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voit son entourage se disperser, les collaborations se refuser, les généraux se

désister, les grands chefs des services civils s'esquiver. Surtout, près de lui,

un homme sape son énergie. Son ancien chef d'état-major, le colonel de

Boissieu, l'a rejoint 9 . Depuis le lundi après-midi, cet officier supérieur dans

lequel Challe a confiance, distille le défaitisme. Challe, épuisé, finalement

se rend à ses raisons. Il prend sa décision sur laquelle il reviendra un court

instant : arrêter et se constituer prisonnier.

En milieu d'après-midi il ordonne à ceux qui l'ont suivi de regagner leurs

bases de départ. Minutes dramatiques pour ceux qui ont cru quelques heures

que l'Algérie serait sauvée. Se révolter par les armes ou suivre les directives

de Challe ? Dans le ciel d'Alger on voit passer les Noratlas qui s'envolent

vers la France. En rade, les canons de la marine tonnent. Fidèles jusqu'au

bout à leur sens d'une révolte qu'ils ne voulaient pas sanglante, les

centurions révoltés se résignent. Ils ne tireront pas. A quoi bon ? Où cela les

mènerait-il ? En fin d'après-midi, les régiments paras ou de légion se

reforment en convoi pour regagner presque tous le Constantinois, d'où ils

sont venus. A la nuit tombée, le 1 er R.E.P., à pas lents, quitte le

gouvernement général et rembarque dans ses camions. Challe, Jouhaud,

Salan se mêlent aux légionnaires. Zeller s'est éclipsé dans la foule. Les

colonels l'imitent ainsi que quelques officiers, Sergent, Godot, du 1 er R.E.P.

Ferrandi, l'aide de camp de Salan, Delhomme des commandos de l'air. Peu à

peu, les gendarmes mobiles et le 9 e zouaves reprennent possession de la

ville. Les prisonniers d'In-Salah peuvent regagner leurs bureaux. Le putsch

est terminé. Le lendemain matin, Challe, seul, car Salan et Jouhaud ont

choisi de disparaître, prend la destination de la prison de la Santé. De

Gaulle, une fois de plus, l'a emporté.

1 On a pas mal épilogué sur ce regroupement de la 25 e D.P. pour une opération d'ensemble dans le

massif des Guerbes, entre Bône et Philippeville. Il est fortuit, même si quelques initiés dans les

coulisses des états-majors ont insisté pour sa mise en place.

2 Il appartient, pour l'Histoire, de relever l'engagement de ceux qui, ne croyant pas au succès,

marchent néanmoins. Le capitaine Coiquaud, qu'on a vu diriger l'assaut au Fedjouj

le 11 décembre 1957, est rentré d'un séjour à Pau. Il est sans illusions « Nous n'avons aucune chance.

La métropole ne suivra pas. Le contingent encore moins. Mais je marche avec le régiment.

Camaraderie et honneur obligent. » Ainsi se brisent des carrières destinées au plus haut.

3 Bien sûr, Gambiez sera, début mai, relevé de son commandement mais son loyalisme sera

remercié. Promu grand croix de la Légion d'honneur, il bénéficiera jusqu'à sa retraite de fauteuils

dorés avant de recevoir un siège au Conseil d'Etat. Il viendra accabler son prédécesseur, Maurice

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