30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

exemple, on ne respire qu'Algérie française. Pour la légion, les conjurés

croient surtout détenir l'atout maître : le général Paul Gardy – Paupaul –

ancien inspecteur de la Légion étrangère qui a quitté Bel-Abbès il y a à

peine dix-huit mois. On le sait populaire car il a bien œuvré pour la légion,

lui faisant délaisser ses postes pour une vie d'intervention et obtenant une

solde à part entière pour les jeunes légionnaires dès leur engagement 5 .

Certes, Gardy a été apprécié, mais un retraité n'est pas grand-chose dans

l'armée active. L'expérience le prouvera.

Le corps d'intervention est une chose et la masse des unités dites

régulières une autre. Or cette masse occupe territorialement le pays. A elle

la garde des postes, des fermes et des villages. A elle l'omniprésence sur le

terrain. La quasi-totalité des officiers penche pour l'Algérie française, mais

la troupe ? Le contingent, et c'est normal, n'a pas les mêmes raisons

d'engagement. Les conspirateurs font un peu l'impasse sur cette

« piétaille », se fiant à quelques amitiés ou sympathies de-ci, de-là. On

pense beaucoup plus aux S.A.S., eux aussi hommes de terrain et de contact

avec la population musulmane. Ceux-là, on est quasiment sûr de leurs

convictions. Mais les S.A.S. en leurs douars ne sont rien sans l'ossature

militaire qui les couvre. On oublie trop aussi que plus d'un de ces régiments

d'infanterie ou de cavalerie qui tiennent les secteurs ou quartiers a à sa tête

un gaulliste inconditionnel, placé là pour ses sentiments.

Il reste, bien évidemment, les deux autres armes, la marine et l'aviation.

L'aviation ? On espère que Jouhaud, l'aviateur, en fera son affaire d'autant

que des généraux de haut rang, Bigot et Nicot, ont donné leur accord. Le

premier commande la 5 e région aérienne, celle d'Alger, qui eut jadis

Jouhaud lui-même pour patron à l'heure du 13 mai. Le second est major

général de l'armée de l'air, un poste d'extrême responsabilité. En outre les

commandos de l'air du lieutenant-colonel Emery ne sont-ils pas acquis ? La

marine ? Elle ne pèse pas ! Certes, en dehors de la D.B.F.M., du commando

Guillaume et de quelques « Bananes » ou « Corsaire » de l'aéronavale, ils

sont absents du champ de bataille. Du moins peuvent-ils bloquer les côtes

comme ils le font depuis plusieurs années face aux incursions du F.L.N. par

voie maritime pour ravitailler l'A.L.N.

Quel chef mettre à la tête de ce mouvement insurrectionnel ? Il doit

bénéficier d'une audience militaire et si possible civile. Le premier nom

retenu est naturellement celui du proscrit de janvier 1960 : Massu. Pressenti

par Romain Desfossés, son ancien condisciple au Prytanée de la Flèche,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!