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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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« J'interdis à tout Français, et d'abord à tout soldat, d'exécuter aucun de

leurs ordres. Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis

tous les moyens, soient employés pour barrer la route à ces hommes-là... »

Le révolutionnaire prêt à tous les moyens, ce n'est pas Challe, c'est de

Gaulle. Il ordonne, si besoin est, d'ouvrir le feu.

Cette voix porte. Elle porte un coup terrible et fatal au « quarteron »

encore mal assis. Ce n'est pas celle du Premier ministre, Michel Debré,

apparu paniqué sur les écrans. C'est celle du chef historique, du libérateur

de 1944, du chef de l'Etat, grand parmi les grands.

Les ondes, que personne n'a songé à brouiller, transmettent les ordres de

résistance jusqu'au plus lointain des cantonnements. Les officiers légalistes

trouvent brutalement autour d'eux l'appui d'appelés marqués par

l'exhortation de De Gaulle et que, de surcroît, les consignes des cellules

communistes, en certains endroits, commencent à toucher.

Le lundi 24, la situation se dégrade. L'Oranie ne suit pas du tout. Argoud

doit faire marche arrière et ses deux régiments de paras commencent à

donner des signes de défaillance. Le 18 e de Masselot tient ferme mais,

au 14 e , le ton est nettement à l'insubordination. Lecomte n'est plus sûr de

ses hommes. Ses cadres se rebiffent.

Dans le Constantinois, Gouraud a enfin dit oui, mais trop tard. La

résistance à Alger s'organise autour du général d'aviation Fourquet, un

gaulliste fidèle. Les régiments paras sont à leur tour travaillés par le

discours de De Gaulle. Le manque de directives fermes se fait nettement

sentir 8 .

Dans l'Algérois, cœur de la révolte, la situation se dégrade. En Grande-

Kabylie, en dépit des efforts de quelques isolés, dont un chef de S.A.S., le

capitaine Oudinot, le pouvoir échappe à Alger. A Aïn-Taya, le colonel

Bocquet, qui commande le secteur Est Mitidja, prend « le maquis ». Les

bases aériennes de Maison-Blanche, Blida et Boufarik se mettent en état

d'insurrection et cessent le travail. Les drapeaux rouges apparaissent aux

fenêtres à Blida. Les bérets verts du 2 e R.E.P. et du 1 er R.E.C. doivent être

envoyés à Maison-Blanche pour contrôler une situation qui peut devenir

explosive. Déjà quelques avions décollent vers la France.

A l'aube du 25 avril, le navire prend l'eau de toutes parts. Le

« quarteron » a tenté une apparition au balcon du Forum dans le

style 13 mai. La foule l'a ovationné mais, du côté de Challe, l'enthousiasme

n'y est plus. Depuis trois jours, il se dépense pour convaincre et rallier. Il

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