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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Tel est le bilan. Qui pourrait enfin se douter, au début de février 1960,

que le chef militaire qui a tout fait pour éteindre l'incendie et rester dans la

stricte obédience gaulliste sera celui qui, un an plus tard, lèvera l'étendard

de la révolte ? Maurice Challe est aujourd'hui le mal-aimé. Il ne le mérite

pas mais il partira marqué par cette épreuve. Ces Algérois, avec leurs

fanfaronnades, leurs diatribes à l'emporte-pièce, ne sont pas à ses yeux des

gens sérieux. Ses conclusions sont sans appel. Chef de l'insurrection pour la

sauvegarde de l'Algérie française, il refusera de voir les civils s'associer à

son action. Il les a jugés trop sévèrement pour se les adjoindre. Le putsch de

Maurice Challe se voudra strictement une affaire entre professionnels. Il se

privera ainsi d'un potentiel et s'inscrira dans la droite ligne des réactions du

commandant en chef devant l'équipée des barricades. Jouhaud, le « piednoir

», n'y pourra rien. Salan et Susini arriveront trop tard. Oui, décidément,

la grande fêlure armée-Européens date des barricades. A ce titre, cette

semaine de fin janvier 1960, après le 1 er novembre 1954, le 20 août 1955 à

Philippeville, le 13 mai à Alger, apparaît bien comme la quatrième étape de

la guerre d'Algérie.

Une guerre dont les plus avertis voient maintenant l'issue. L'Algérie sera

indépendante puisque de Gaulle en a décidé ainsi. Lagaillarde et Ortiz ont

précipité la procédure amorcée le 16 septembre 1959. De cette marche vers

l'indépendance, quelles seront les péripéties ? s'interrogent les plus

honnêtes, qui s'inquiètent à juste titre de lendemains sanglants.

*

* *

L'intermède des barricades, essentiellement algérois, est officiellement

terminé. La page paraît tournée mais au fil des jours les centurions du plan

Challe s'interrogent. Même s'ils réprouvent l'insurrection du 24 janvier, ils

commencent à s'inquiéter :

« Et si les civils avaient raison ? De Gaulle ne va-t-il pas tout larguer ? »

De Gaulle, bien informé et fin psychologue, perçoit ce malaise. Du 3 au

5 mars, il est à nouveau en Algérie pour une seconde tournée des popotes. Il

se veut réconfortant. Il brocarde certes l'Algérie de papa – sur ce chapitre il

se sait suivi – et il emploie des formules qui trouvent écho :

« Il n'y aura pas de Dien-Bien-Phu diplomatique... L'insurrection ne nous

mettra pas à la porte de ce pays... Ce que Ferhat Abbas appelle

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