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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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deux ou trois séjours en Extrême-Orient et, pour certains, de Dien-Bien-

Phu.

Jeanpierre domine son sujet. Il a la carrure pour, mais il est bien servi.

Son adjoint s'appelle Morin 5 . Ses capitaines Martin, Glasser, Besineau. Ses

adjudants Tasnady, Filatof, Dallacosta. Avec lui aussi le commando

d'Extrême-Orient 6 et un excellent groupe nomade de Guelma, unité

musulmane normalement montée pour intervenir dans les djebels plus

découverts du sud de la ville.

La grosse bataille va durer trois mois, de fin janvier à début mai. C'est

l'époque où les nuits sont longues, propices à une marche discrète. Le

scénario est rituel. Les Algériens forcent le barrage dans la première partie

de la nuit, s'octroyant ainsi quelques heures pour gagner des couverts avant

le lever du jour. Les véhicules blindés de la herse en patrouille permanente

sur la piste qui longe le barrage localisent la coupure signalée par la rupture

du réseau.

L'alerte donnée, le branle-bas réveille les cantonnements.

A Guelma, les camions du 1 er R.E.P. quittent le stade ou l'école

d'agriculture. Ils se regroupent au carrefour stratégique à la sortie nord de la

ville. Il est 3 heures, 4 heures, 5 heures du matin. Dans les véhicules

débâchés, les légionnaires frissonnent et battent la semelle. Avec l'aube, ils

seront au plus près et les D.I.H. surgiront du ciel pour enlever les premières

rotations. Direction : la Mahouna, Guebar, Debar, Beni-Mezzeline. La route

est toujours plus ou moins la même qui mène aux reliefs broussailleux, où

les katibas cherchent refuge. Le passage d'une centaine d'hommes laisse

toujours quelques traces et il est rare que les pisteurs musulmans se

trompent. Ces ralliés, habitués des lieux, savent repérer les axes de marche

des groupes infiltrés. « Ils doivent se trouver par là... » Et la main tendue

désigne la zone proche où les djoundi doivent se terrer.

Dans la fraîcheur et l'humidité matinales, les premières rafales claquent.

Ils sont là ! Les rotations d'hélicoptères s'accélèrent, les T-6 tournent et

straffent, les armes d'appui, mortiers, canons sans recul, interviennent,

parfois l'artillerie donne. Dans le ciel, dans son Alouette, Jeanpierre règle ce

vaste carrousel. Parfois, il se pose sur un P.C. de compagnie ou un

observatoire pour mieux préciser ses ordres. Et puis, comme à la parade, les

bérets verts s'élancent. Dans la broussaille et le rocher, il faut se voir de

près. Le P.M. est maître et les chargeurs se vident sur les ombres

accroupies. Des défensives explosent pour nettoyer les fourrés de leurs

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