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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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l'entrée de la gendarmerie au moment où un groupe rebelle commence à la

harceler. Signe révélateur du climat de l'Oranie à cette date, les fellahs du

coin, quelques jours plus tard, remettent entre les mains des autorités les

agresseurs qu'ils ont eux-mêmes interceptés. Le groupe des « 22 » a, dans

ce secteur, presque aussitôt son premier tué : Abderahmane Ramalek.

Devenu l'adjoint de Ben M'hidi, l'un des six, il avait mené l'action contre

Paul-Cassaigne 5 .

En fin de matinée de ce dimanche de Toussaint, où, à Alger comme à

Oran, la vie s'écoule dans le calme dominical habituel, Roger Léonard, dans

son bureau du gouvernement général, peut faire un premier bilan. Ses

entretiens téléphoniques avec les préfets Dupuch et Lambert, de

Constantine et d'Oran, ainsi qu'avec le général Cherrières, lui donnent une

vision assez claire des événements de la nuit.

Les pertes en vies humaines sont les plus sensibles. Six Européens ont été

tués : l'instituteur Monnerot, les deux sentinelles de Batna, le lieutenant

Darnault, de Kenchela, et un de ses hommes, et enfin le fermier Paul

Laurent, à Cassaigne. Il y a aussi deux morts musulmans : le caïd de

M'chounèche, Hadj Sadok, et le garde assassiné en Kabylie. Les blessés

sont moins nombreux et doivent s'en sortir.

Les dégâts matériels paraissent limités. Des stocks de liège ont brûlé en

Kabylie mais les autres exactions n'ont pas fait grand mal. Du bruit surtout.

Là est surtout l'essentiel. Les hommes qui ont déclenché cette action vont

faire parler d'eux. Les journaux du soir – peu nombreux car il s'agit d'un

jour férié – annoncent l'événement. Ceux du lendemain auront leurs

couvertures assurées. Attentats terroristes en Algérie pourront titrer le

Journal d'Alger, l'Echo d'Oran ou la Dépêche de Constantine. En France le

titrage sera plus modeste 6 .

La coordination d'ensemble de l'opération inquiète surtout Roger

Léonard. Cette simultanéité, de l'Oranie au Constantinois, implique un

mouvement structuré. Frapper à la même heure en des points distants de

plusieurs centaines de kilomètres sous-entend une parfaite entente préalable

Et Roger Léonard s'interroge : « Quels sont les hommes derrière ces

bombes et ces attentats ? »

Pour ses policiers, la réponse sera évidente : les gens du M.T.L.D. de

Messali Hadj. Leurs appuis ne peuvent venir que de l'extérieur, là où se sont

réfugiés certains Algériens qui sont en mal avec la justice française, c'est-àdire

de l'Egypte. Le chef désigné des insurgés de la Toussaint est

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