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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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s'inscrit sur les calendriers : dimanche 24 janvier. C'est pour la fin de la

semaine.

Ortiz a des contacts. Il s'en sert. Il rencontre Faure, Argoud, Gardes.

Quelle promotion pour le petit cafetier hier encore affairé derrière son zinc !

Le voici, l'interlocuteur d'officiers qui ont un nom et qui l'écoutent avec

attention. Il ne cache pas ses projets ni ceux de ses amis. Un point

l'inquiète : il sait que des régiments de parachutistes convergent sur Alger.

Que feront-ils ?

« Pas de problème, annonce Argoud, les paras vous laisseront passer. »

Un feu vert qui est pour Ortiz un engagement. Derrière Argoud et

Gardes, il voit toute l'armée française en marche pour le suivre. Pour les

colonels, ce ne sera qu'une manifestation de plus. On verra bien si elle peut

déboucher sur autre chose de plus important.

Un homme, un seul, voit clair, c'est Martel. Il crie : « Casse-cou !

Attention ! provocation ! » Lui, le colon de la Mitidja, il circule. Il n'a pas la

vue courte de la rue Michelet. Il vient de sillonner l'Algérois et le

Constantinois. Il a pu découvrir que l'armée n'a encore rien compris, qu'elle

croit encore en de Gaulle. Rien à voir avec la grande colère d'avant

le 13 mai. Mais Martel est seul à s'exprimer ainsi et il n'ose pas trop

s'opposer à ses compagnons. Ses propres partisans veulent aussi en

découdre comme tous les Algérois.

*

* *

24 janvier 1960. Alger ignore les frimas de l'Europe. Aucune bise

glaciale, aucune bourrasque de neige pour détourner les Algérois de quitter

la chaleur de leurs foyers. Ils peuvent vaquer sans retenue. Seules les forces

de l'ordre sont là pour faire un éventuel obstacle à des intrusions insolites.

Et, en ce 24 janvier, elles sont de force. Challe n'a pas voulu être pris au

dépourvu par les manifestations dont il a eu vent. Il a placé C.R.S. et gardes

mobiles aux abords du Gouvernement général. Non sans amertume, il a de

plus retiré trois régiments paras de « Jumelles » : le 1 er R.E.P de Dufour,

le 1 er R.C.P. de Broizat et le 3 e R.P.I.M.A. de Bonnigal. Bérets verts et

bérets rouges ont suffisamment de prestige pour calmer les esprits agités,

mais combien Challe regrette d'avoir dû les enlever à leurs djebels ! Leur

vrai travail est là-bas, en Kabylie, et non dans les rues d'Alger, face à des

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