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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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parvenant à s'évader grâce à des complicités tunisiennes. La lutte ici rejoint

les rivalités ethniques. Berbères kabyles contre Arabes.

Ces querelles de personnes, ces luttes sans merci pour le pouvoir, ces

oppositions à caractère tribal seront la gangrène de la direction du F.L.N.

durant les années de la guerre d'indépendance. Plus d'un y laissera la vie, à

commencer par Abane Ramdane. L'homme orchestre du F.L.N. a dressé

contre lui les colonels, anciens ou nouveaux commandants de wilayas. Sa

vision de la rébellion – les Algériens disent la révolution – algérienne est

par trop unitaire. Elle écarte les destins personnels d'autant plus que le

tempérament autoritaire d'Abane Ramdane entend tout régenter. Abane

Ramdane heurte trop d'intérêts... et d'ambitions. En décembre 1957, il part

pour le Maroc accompagné de Krim Belkacem et Chérif Mahmoud. Il ne se

doute pas que Boussouf, le chef de la wilaya V d'Oranie, l'attend pour

l'éliminer. A son arrivée à Tétouan, au Maroc espagnol, il est promptement

liquidé 13 .

Cette mort violente de l'homme qui depuis deux ans était le fédérateur de

forces disparates repose le problème de la direction du F.L.N. Abane

Ramdane, homme obstiné, avait une âme de jacobin. Après lui, les factions

rivales libérées auront du mal à retrouver leur unité. Le combat commun

contre la France les unira mais n'entravera pas le jeu brutal de rivalités

inexpiables. On le verra avec les complots qui ne cesseront d'éclater à partir

de 1958. La ligne politique des Algériens s'en ressentira.

1 Les autres ministres, et en particulier ceux de la Défense nationale, n'ignoraient rien.

2 Déclaration du capitaine Estoup, ancien commandant de la 4 e compagnie du 1er R.E.P., au

procès du lieutenant Godot devant le tribunal militaire (juillet 1962).

3 « Gégène », la génératrice de campagne à main pour produire le courant alimentant les appareils

radio.

4 Il avait en particulier monté de solides maquis indigènes sur les arrières du Viet-Minh.

5 Ce détail macabre explique pourquoi, quoi qu'on en dise, l'armée française n'a pas laissé de

charniers en Algérie. Les exécutions sommaires ne comportaient du reste, à chaque fois, que

quelques victimes, trois, quatre au maximum et toujours plus ou moins éparpillées.

6 Léon Duval, Au nom de la vérité, page 58.

7 Jacques Chevalier, secrétaire d'Etat à la Guerre du gouvernement Mendès France, n'avait pas de

secret pour son vieil ami musulman, le sénateur Benchenouf de Kenchela. Ce dernier, prudent, jouait

sur les deux tableaux, France et F.L.N. Ce qu'il savait, les chefs de l'Aurès le savaient. Ils

s'organisaient en conséquence, désertant à temps les zones visées par les prochaines opérations

militaires françaises. Jacques Chevalier, Mgr Duval, après l'indépendance, optèrent pour la

nationalité algérienne, ratifiant ainsi leurs précédentes positions.

8 Une place d'Alger porte, depuis l'indépendance, le nom de Maurice Audin.

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