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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Pour ceux qui se battent sur le terrain, de telles prises de position, qui

trouvent l'appui et le soutien des pouvoirs publics, sont la caution du bon

droit et de la valeur de leur combat. L'armée française se transforme ainsi

en un bloc quasi monolithique qui vit au seul refrain de l'Algérie française.

Par l'armée il faut bien évidemment entendre l'encadrement d'active et le

plus souvent aussi celui de réserve, pris au jeu 3 , ainsi que les troupes de

métier. La position des appelés est beaucoup moins formelle, mais on les a

vus œuvrer sans renâcler.

*

* *

De l'autre côté, après une période assez longue d'hésitation marquée

seulement par l'action de quelques individualités, les engagements se

précisent en 1956. Comme toujours en ces circonstances, il y a les militants

et les sympathisants. Il y a ceux qui agissent et ceux qui applaudissent.

En France, c'est sous la direction de Francis Jeanson tout d'abord, puis

sous celle d'Henri Curiel à partir de 1960, que le soutien actif au F.L.N.

prend sa vraie dimension. On les qualifiera de « porteurs de valises », ces

hommes et ces femmes qui apportent à la résistance algérienne ce coup de

main qui ne saurait être qualifié d'accessoire.

La Fédération de France du F.L.N. prélève, on l'a vu, sur les immigrés

une dîme mensuelle d'un montant global de près de cinq cents millions

d'anciens francs, somme considérable pour l'époque. Ces fonds, pour être

exploités, doivent être acheminés vers le havre sûr d'une banque suisse.

Jeanson et ses amis se chargent de ces transferts et Haddad Jamada, le chef

du F.L.N. en France, pourra par la suite déclarer :

« Le plus important pour nous, c'était l'argent. Les ressources de la

Fédération de France ont alimenté de façon décisive le trésor de guerre du

G.P.R.A. Sans l'appui des militants français, la centralisation et l'évacuation

des fonds auraient été très difficiles. Je peux dire que l'apport des réseaux a

été pour nous vital 4 . »

Ce sont donc des Français qui assurent ainsi la bonne alimentation du

budget du F.L.N., lui permettant d'acheter et d'expédier vers l'Algérie

l'armement utilisé contre d'autres Français.

Ces transferts d'argent ne sont pas tout. Le réseau Jeanson assure pour la

rébellion algérienne bien d'autres missions : recherche de « planques »,

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