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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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ville et ses compatriotes. Les civils ? Ils sont deux, Achard à Bab-El-Oued,

et Nicolas sur la banlieue ouest, à Guyotville.

Ces capitaines ou présumés tels, ils sont plus que des amis. Unis à la vie

à la mort. Des souvenirs communs les lient, la même passion pour l'Algérie

les a regroupés. Ce soviet, c'est un bloc. Alger n'a jamais vu une telle

communion de pensée, une même solidarité. Et ce soviet tient la ville. Le

vrai pouvoir, c'est lui. Il a les hommes, les armes et, par là même, les

moyens d'agir. La politique, il ne la connaît pas et veut l'ignorer. Il est audessus,

tout comme les intérêts personnels. Un seul chef : Salan. Un seul

objectif : l'Algérie française. Une faiblesse aussi : ses états d'âme, car ses

soldats, hormis Degueldre, ne sont pas de vrais révolutionnaires. Ils se

demandent même parfois ce qu'ils sont venus faire dans cette galère. Ils

l'acceptent au nom de l'Algérie française. Ah ! cette Algérie, quelle passion

ne déclenche-t-elle pas !

Dans l'Algérois, en dehors du grand Alger et de la Mitidja, l'implantation

de l'O.A.S. reste fragmentaire et fragile. A Tizi-Ouzou, à Médéa, il n'y a

guère que des antennes plus orientées par la force des choses vers le

renseignement et l'action psychologique que vers l'action. A Orléansville,

l'O.A.S. locale a été décapitée en septembre et se heurte à une vigoureuse

cellule du M.P.C. Il n'y a qu'à Blida où l'organisation prend un caractère

représentatif

Le général Salan, Susini ont compris la réalité de l'O.A.S. algéroise. Ils

laissent jouer le soviet, entérinant ou patronnant ses décisions. L'horizon

paraît au beau fixe même si l'état-major fait parfois grise mine, surtout le

colonel Vaudrey, patron en titre des capitaines depuis novembre, mais qui

n'a jamais vu des subordonnés aussi indisciplinés. Ces derniers ont le cœur

léger car ils savent que Salan les couvre.

A Oran, la situation est tout autre. Le départ a été plus lent. L'histoire le

veut ainsi. Oran suit Alger mais peut la dépasser, ce qui se produit avec

l'O.A.S. Les Oranais, dans le cas présent, se sont organisés d'eux-mêmes.

Les militaires trouveront une bonne infrastructure en place. Les secteurs

s'appellent des collines. Des responsables, à tous niveaux socioprofessionnels,

tiennent en main la population européenne. Il ne faut pas

oublier que celle-ci est, là, plus importante qu'à Alger. Elle n'a pas les

mêmes caractères. D'origine ibérique assez souvent, elle est moins

bourgeoise. Elle est plus « petit Blanc », sous-entendant par là plus

modeste, d'où, et les faits le démontreront, une force vive supérieure. A

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