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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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l'armée, le chef vainqueur de la rébellion. C'est le soldat intègre et accepté,

la recrue capable de drainer les adhésions.

Maurice Challe est, pour l'heure, un tourmenté. Il voit parfaitement où de

Gaulle mène l'Algérie et il englobe cette destinée dans une perspective

européenne. Il estime l'Occident frappé dangereusement par la sécession

future des départements français d'Algérie. Cela, il ne peut l'accepter,

d'autant que l'homme de cœur qu'il est songe à tous ceux, militaires ou

civils, que la France a compromis à ses côtés depuis des années. Son

adhésion à la révolte n'est pas immédiate.

Son dialogue avec les colonels venus lui exposer leurs intentions et lui

proposer de se mettre à leur tête est dramatique :

« C'est grave ce que vous me proposez là !

– Moins grave que de perdre l'Algérie, mon général ! »

Dans le secret d'une conscience, le débat a dû être douloureux et ingrat.

Fin mars, l'accord tombe. Challe accepte, mais avec une réserve : être le

patron, pour canaliser l'action suivant ses vues et éviter les bavures.

*

* *

Durant ce temps, de Gaulle, dans l'ombre ou en pleine clarté, poursuit sa

route. Le 16 janvier, au lendemain du référendum, le G.P.R.A. lui a donné

un motif de satisfaction en publiant un communiqué où il se disait « prêt »,

quant à lui à engager des négociations avec le gouvernement français sur les

conditions d'une libre consultation du peuple algérien. C'est un grand pas en

avant. De Gaulle y répond discrètement. Georges Pompidou, l'un de ses

fidèles, bien qu'il n'ait pas fait partie de l'épopée de la France libre, est

envoyé en mission secrète pour préparer les futurs entretiens avec le

F.L.N. 6 . Il est convenu de se retrouver officiellement à Evian, mais

l'intervention, entre-temps, du M.N.A., toujours soucieux d'apparaître

comme un interlocuteur valable, brouille un instant les cartes. La première

rencontre avait été en principe fixée au 7 avril, mais le G.P.R.A. se désiste à

la suite de propos de Louis Joxe affirmant « qu'il rencontrera le M.N.A.

comme il rencontrera le F.L.N. ». Ce ne sont là que querelles de coquettes.

Les deux parties veulent s'entendre, car là est leur intérêt.

De Gaulle peut maintenant étaler son jeu. Le référendum de janvier lui

donne la caution de la légalité. L'opinion métropolitaine est lasse de la

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