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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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harka, autodéfense, maghzen, on l'a vu, avec les S.A.S., G.M.P.R. 16 . Ainsi

au 1 er juillet 1955 trouve-t-on :

– 176 harkis à Arris,

– 200” au douar Ichmoul,

– 70” à Kimmel.

Véritables unités militaires, renforcées par un encadrement européen, les

harkas sont bien adaptées à la lutte anti-F.L.N. par la connaissance parfaite

du pays et de l'adversaire ainsi que par la résistance et la rusticité des

hommes qui les composent. Leurs cadres déplorent seulement une légère

faiblesse de leur armement. Car ces harkas, en particulier les harkas

« Merchi » d'Arris, du nom de leur chef l'agha Merchi, participent à l'action

et accrochent. Embuscades de nuit, nomadisation, contrôles se succèdent

avec des bilans.

Il y a aussi les autodéfenses : 170 hommes au douar Ichmoul, 30 à Oued-

Taka, 40 au douar Kimmel. Elles sont là pour protéger les villages ou les

regroupements. Regroupements car, pour isoler les rebelles, les autorités,

très vite, ont décidé de regrouper les populations, créant ainsi des zones

dites interdites. Nul ne doit s'y aventurer. Toute présence devient suspecte,

donc pourchassable.

La méthode au plan militaire a une efficience. Les populations

regroupées sont plus aisément surveillées et défendues. Les autodéfenses

sont un aspect de cette protection. Les rebelles, dans les zones désertées,

trouvent plus difficilement ravitaillement, renseignements et appui. Pour les

unités en opération, les risques d'erreur ou de méprise diminuent. En zone

interdite, le djounoud ne peut brutalement 17 se transformer en paisible fellah

poussant son araire ou surveillant ses moutons.

Il y a l'envers du décor : les camps de toile, les gourbis, où s'entassent

femmes et enfants, les conditions de vie précaires, l'assistance attendue pour

survivre, car la terre abandonnée n'est plus cultivée et il n'y a plus de

ressources, les agitateurs anonymes qui se noient dans la masse pour

diffuser leurs mots d'ordre. Les regroupements prendront en Algérie, avec

le développement de la guerre, une dimension tragique. Ces ghettos ainsi

créés, nés au cœur de l'insurrection, c'est-à-dire dans l'Aurès, serviront

largement la cause du nationalisme algérien par la rancœur et l'excédent de

misère qu'ils engendreront le plus souvent même si, de-ci de-là, des

réussites témoignent du contraire.

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