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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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« Si la politique française ne se dirige pas vers une solution équitable,

nous n'aurons plus ni les moyens ni les raisons valables pour justifier notre

mission au sein de l'armée française...

En notre âme et conscience, la seule solution est une orientation vers un

règlement pacifique, dénué de toute violence, ce qui permettrait d'engager

une conversation immédiate et loyale entre les représentants des deux

communautés. »

L'envoi de cette missive a été précédé de larges contacts auprès des

milieux politiques français. Le but de ses auteurs est clair : souligner une

fois de plus la gravité du problème algérien et se poser en intermédiaires

raisonnables entre Français et Algériens. Dans cette perspective,

Abdelkader Rahmani est entré en relation avec la direction de la fédération

de France du F.L.N. Par-delà leur texte, les rédacteurs de la lettre à René

Coty ne dissimulent pas leurs convictions profondes : le fait algérien doit

aller vers son développement irréversible. Sans doute sont-ils en règle avec

eux-mêmes en le souhaitant dans un cadre d'amitié et d'union francoalgérienne.

Ces prises de position sont très mal interprétées par le gouvernement d'un

pays en guerre. L'appui, quel qu'il soit, à la sédition ne peut être regardé que

comme une trahison. Abdelkader Rahmani se retrouve à Fresnes pour plus

d'un an et le clivage s'accentue. Fin 1957 et courant 1958, une cinquantaine

d'officiers et sous-officiers algériens désertent de leurs garnisons françaises

ou allemandes et rejoignent Tunis et l'A.L.N. Ces professionnels

compétents se voient naturellement, tel le commandant Idir, confier des

responsabilités importantes. Unis par leurs origines, ils formeront au sein de

l'A.L.N. le groupe des « militaires de carrière » appelé à peser dans les

luttes intestines du F.L.N.

Tous les officiers algériens ne suivent pas cette voie. Certains

démissionnent, peu nombreux il est vrai. Les autres restent fidèles à la

France qui les a formés. Par contrecoup, leur avancement sera privilégié et

les carrières jusqu'alors bridées des officiers algériens – objet des

amertumes évoquées – s'infléchiront dans le sens de celles de leurs

camarades français.

Le grand public métropolitain est plus sensible à l'exode simultané, et sur

ordre du F.L.N., des footballeurs algériens. Brutalement, de grands noms

des équipes françaises, tel Mekloufi, de l'A.S. Saint-Etienne, lâchent leurs

clubs et se retrouvent eux aussi à Tunis. Ils constitueront une équipe

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