30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

L'invincibilité légionnaire ! Le mythe monte et les intéressés le cultivent

avec art. Il les sert aussi bien à la ville que sur le terrain 1 .

Les Aurès sont là encore et toujours. Un convoi avec des appelés, du

Service de santé, subit de lourdes pertes. Vanuxem se fâche et met le

paquet. Pendant trois semaines près de dix mille hommes fouillent, ratissent

et accrochent. Près de trois cents rebelles sont mis hors de combat. C'est

bien la preuve qu'il y en a.

Cette guerre, qui s'intensifie, s'organise. Pour les Français, elle gagne en

technicité. Quelques chefs ont compris que la vitesse, le plus souvent,

primait. A la marche, le moudjahid surclasse le fantassin français. Sa

résistance naturelle lui permet des étapes exceptionnelles 2 . Pour le rattraper,

l'encercler, le dominer, l'hélicoptère s'impose très vite. Le Sikorski à quatre

ou cinq passagers, qui montait lourdement au sommet du Chélia, est détrôné

par la « banane » birotor, qui enlève, suivant l'altitude et la température de

sept à dix combattants. Six hélicoptères de ce type constituent un D.I.H., un

détachement d'intervention d'hélicoptères. Grâce à eux, une demicompagnie

s'enlève en une minute, se pose encore plus vite. Quant au trajet,

il n'est que le saut parfois très court mais important en dénivelée de l'aire

d'embarquement à la D.Z. 3 .

La manœuvre est bien au point que ce soit pour un posé de recherche de

l'ennemi ou un posé d'assaut si l'adversaire est localisé. A la verticale, le

Piper d'observation tourne et surveille. L'Alouette 4 de commandement a

reconnu la D.Z. Libellule sifflante, elle plonge dessus et largue son

fumigène pour la baliser. A trente secondes, le D.I.H. s'avance, colonne par

un. De part et d'autre, les T/6 d'appui 5 piquent et straffent pour en

neutraliser les abords. Dans le cockpit des « bananes », parfois l'écouteur

aux oreilles pour suivre l'action, entre les deux pilotes, les chefs de sticks

regardent la terre monter. Ils visionnent à la hâte leur objectif. Un choc un

peu rude, les roues arrière ont touché le sol. La porte latérale était déjà

ouverte et les hommes sautent, fidèles aux instructions de départ. Parfois,

c'est le silence. L'adversaire ne s'est pas encore dévoilé ou n'est pas au

rendez-vous. Parfois, c'est le crépitement des armes automatiques. Le

contact est déjà pris et d'instinct les échines se plient.

Quel instrument redoutable représentent des D.I.H. entre les mains des

unités aguerries et manœuvrières comme les paras ou la légion. Des chefs le

façonnent avec amour dans un souci constant de perfection, ainsi le colonel

Crespin ou le commandant de Puy Montbrun, les créateurs et patrons du

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!