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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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qui s'ennuient en temps de paix, trouvent un champ de bataille approprié à

leurs aspirations et à leurs ambitions. Les hommes d'affaires approchent

avec satisfaction un nouveau marché. L'opinion publique, dans la mesure où

on la perçoit vraiment, n'est pas hostile. Bien des braves gens apprenant

l'existence d'un nouveau monde avec ses promesses se laisseront tenter. La

France, qui fut, au début du XIX e siècle, la nation la plus peuplée d'Europe,

trouvera des bras pour l'outre-Méditerranée. En fond de tableau, enfin, de

grands courants de pensée se félicitent : de l'Eglise catholique, qui escompte

une terre de mission, aux saints-simoniens, dont l'influence économique va

croissant.

La grande question initiale ne sera pas de savoir si l'on doit ou non rester.

Elle est vite relayée par une autre : « Quelle occupation ? » Faut-il s'en tenir

à l'occupation restreinte, c'est-à-dire Alger et les ports du littoral 1 , ou

développer la conquête par une occupation généralisée englobant l'arrièrepays

? Les faits – et les généraux – en décideront.

La France, pour stabiliser sa présence, devra aller de l'avant c'est-à-dire

vers l'intérieur du pays. Cette progression la conduira tout naturellement

jusqu'aux frontières tunisiennes et marocaines avant de la voir s'enfoncer

dans les confins sahariens. La sécurité de la nouvelle province imposera

même de plus larges interventions au Maghreb, en Tunisie d'abord, au

Maroc ensuite. Lyautey commencera sa carrière africaine à Aïn-Sefra, dans

le Sud oranais, avec pour mission de veiller sur un territoire algérien harcelé

par des Berbères marocains descendus du Tafilalet. Cela le mènera à Rabat.

Le Maghreb, en dépit de ses diversités, est un tout. La guerre

d'indépendance le rappellera.

*

* *

La pacification, pour être effective en totalité, exigera au moins cinquante

ans, car si Bugeaud, en 1847, au terme d'un proconsulat heureux, laisse un

pays en gros pacifié, des zones de dissidence subsistent. Elles ne seront

matées que progressivement. Des révoltes se produiront aussi par la suite,

ainsi celle du caïd Mokrani en Kabylie en 1871.

Dans cette lutte de plusieurs décennies un adversaire se dégage : l'émir

Abd el-Kader. Mystique et croyant, il donnera à son combat un caractère

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