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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Les communistes algériens sont plus catégoriques. Ils ne sont pas

favorables et parlent d'« aventure ». Le 5 janvier 1955, un communiqué du

P.C.A. souligne :

« Le P.C.A. s'est toujours gardé des actes individuels, des mots

d'ordre inconsidérés qui ne correspondent pas à la volonté et aux

possibilités réelles des larges couches de la population... »

A cette heure, la direction du P.C.A. ne croit pas à l'avenir de l'action

menée dans les Aurès. Cette réaction des communistes marquera leurs

futurs rapports avec les révoltés.

Messali Hadj, toujours exilé à Niort, comprend très vite quel prestige les

audacieux passés aux actes vont tirer de l'événement auprès de la masse. Or

la masse compte avant tout pour Messali Hadj. Il voit en elle l'outil de

manœuvre. Il laisse donc supposer que le P.P.A. n'est ni étranger ni absent

de ce qui vient de se passer. Affirmation mensongère en un sens car la

direction du P.P.A. n'a en rien trempé dans la préparation du 1 er novembre.

Affirmation fondée toutefois dans un autre sens car de nombreux militants

P.P.A. sont partie prenante.

Cette position n'est pas sans danger car elle désigne en même temps les

messalistes comme les coupables au regard du système policier français. La

presse algérienne ne s'en prive pas. Elle les désigne du doigt avec violence.

Le 5 novembre le Journal d'Alger titre : « Messali Hadj, dictateur

vieillissant, veut une fin de règne sanglante pour maintenir intact son

prestige auprès des troupes ouvrières du parti. »

Est-ce l'approche de la saison des agrumes ? « Orange Amère », coup de

filet policier, s'abat sur tous ceux que l'on soupçonne de sympathies

nationalistes et au premier rang desquels se rangent les messalistes les plus

en vue : M e Abderhamane Kiouane, avocat adjoint au maire d'Alger,

Jacques Chevalier, le pharmacien Ben Khedda, secrétaire général du

M.T.L.D., Moulay Merbah, un des lieutenants de Messali et bien d'autres.

Plusieurs centaines d'individus sont interpellés et incarcérés, dont quatre

anciens délégués à l'Assemblée algérienne, deux adjoints M.T.L.D. à la

mairie d'Alger, des conseillers généraux etc. Le M.T.L.D. fait les frais de

cette rafle systématique et se trouve en bonne partie décapité.

A côté des gens qui n'ont en rien participé aux attentats, et qui sont la

quasi-totalité, tombent néanmoins quelques responsables. Zoubir

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