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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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avec les Européens. Les décrets Clemenceau de 1919, l'ordonnance de De

Gaulle de 1944, s'élargissent encore un peu à cette occasion. On retrouve

toujours la vieille notion de mérite pour des motifs divers (services rendus,

valeur personnelle, qualification professionnelle, etc.). Le deuxième collège

comprend tous les autres musulmans 1 . Les musulmanes ont en principe

pouvoir électoral mais l'Assemblée algérienne devra statuer sur l'application

de cette participation féminine.

Cette Assemblée algérienne apparaît, dans ce « statut de 1947 », comme

l'élément essentiel introduit avec des pouvoirs plus étendus que les vieilles

délégations financières. Elle vote le budget, elle intervient sur les

dispositions de la législation française non applicables de plein droit à

l'Algérie. Des points importants sont laissés à son initiative : réorganisation

des communes mixtes officiellement supprimées et appelées à disparaître,

réorganisation aussi des Territoires du Sud, qui perdent leur régime

militaire, indépendance du culte musulman vis-à-vis de l'Etat, application

du principe de l'enseignement de l'arabe à tous les degrés, nouveau régime

des conseils d'administration des collectivités locales. Mais, et c'est là un

handicap de taille, les décisions de l'Assemblée algérienne doivent être

prises à la majorité des deux tiers et restent soumises à l'homologation

française. Ces deux impératifs rendent ses perspectives de décisions

aléatoires.

Ce « statut de 1947 » n'a rien de révolutionnaire. Il est de loin le plus

timide de tous les projets proposés par les divers groupes du Parlement. Du

moins reconnaît-il une certaine spécificité algérienne et apporte-t-il

quelques éléments d'égalité politique 2 .

Tout comme en 1944, les nationalistes jugent ces décisions dépassées.

Cette position ne leur interdit pas de jouer la carte de la légalité politique au

hasard des consultations électorales – et celles-ci ne manquent pas dans la

France de l'après-guerre – pour obtenir des mandats à Paris ou en Algérie

même.

Ferhat Abbas, après sa libération au début de 1946, constitue un nouveau

parti : l'U.D.M.A., l'Union pour la défense du Manifeste algérien. Ce

manifeste de 1943 est devenu sa référence. A l'U.D.M.A. il retrouve sa

clientèle bourgeoise et aisée de la Fédération des élus d'avant-guerre.

Messali Hadj, dans le même temps, lance l'officiel M.T.L.D., Mouvement

pour le triomphe des libertés démocratiques. Celui-ci, organisme reconnu,

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