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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Le 2 e R.E.P. est arrivé de Tébessa dans la matinée. Il est en réserve au

profit de l'opération montée dans le Fedjoudj par les troupes du secteur. A

côté de leurs G.M.C. les légionnaires tuent le temps, petit casse-croûte ou

partie de cartes sur le revers d'une musette.

15 h 30. Les radios s'énervent. Les « Bananes » chauffent leurs moteurs.

Les chefs de section courent aux ordres. Des fells ! Accrochés sur les crêtes

du Fedjoudj.

« Stick à huit ! » Les dénivelées sont modestes et les distances courtes.

Les rotations seront rapides. Les deux premières sections de la 2 e

compagnie embarquent. Le lieutenant et le sergent-chef qui les commandent

échangent rapidement une ultime consigne et, la carte à la main, se hâtent

vers les carlingues dont les portes glissent derrière eux.

La D.Z. s'abrite de la contrepente. La poser peut s'effectuer à l'abri des

tirs lointains. Hanneton bruyant, la « Banane » n'a pas encore écrasé son

train arrière que déjà ses passagers giclent vers l'extérieur. Il n'y a que

quelques dizaines de mètres à gravir pour trouver les amis. Leur patron fait

le point.

« Les fells ? Ils sont là, devant ! » Le bras épouse la langue de terrain en

forme de croissant où ils sont retranchés. De temps à autre, venant de chez

eux, un coup de feu claque sur les imprudents. Derrière leurs rochers, les

hommes en treillis et chapeau de brousse, cloués au sol, attendaient le

renfort. Il est là. A lui d'intervenir maintenant.

Les légionnaires ont pris tout naturellement leur dispositif de combat.

Voltigeurs en tête, pièces des fusils-mitrailleurs en léger retrait. Les

chargeurs s'emboîtent. Les culasses des M.A.T. reviennent vers l'arrière. Le

lieutenant, à la tête des deux sections, annonce au sergent-chef par radio :

« Alignez-vous sur moi et à mon top on y va ! »

Pour les biffins, il n'a qu'une recommandation :

« Couvrez-nous sur la gauche ! », toujours à cause de ce mouvement de

terrain en demi-lune.

Comme à la parade, la vague en bérets verts s'est levée et s'élance pour

débusquer un adversaire qu'elle sait devant elle. Poitrines nues, les hommes

foncent pour déloger tout ce qui peut bouger.

Spectacle d'un autre âge ou spectacle inédit. Un cri jaillit de la compagnie

d'infanterie qui se dresse sur ses positions :

– Bravo la légion ! Allez la légion !

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