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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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La politique est obligatoirement impressionnée par le terrain, ce terrain

qui, le 20 août, a pris sur elle une avance considérable. Au pas de charge

elle doit rattraper son retard et cela dans les deux camps.

Ferhat Abbas, toujours lui, s'affaire. Pourtant, il a été visé. Son neveu a

été assassiné le 20 août à Constantine par les tueurs de Zighout Youssef.

Lui-même, en dépit de ses contacts, leur avait été désigné. Les chefs F.L.N.

du Constantinois ignoraient son rôle et ne voyaient en lui que le responsable

marquant de l'U.D.M.A., parti à éliminer. Ferhat Abbas a la souplesse de

tourner la page. Il corrobore son allégeance à la rébellion et avec ses amis et

tout principalement avec le docteur Boumendjel, député et conseiller

général du 2 e collège à Constantine, il suscite des prises de position.

Le 26 septembre, 90 élus des trois départements algériens se retrouvent

dans un sous-sol du boulevard Baudin à Alger. Elus de l'administration pour

beaucoup, tous ne suivent pas. Une minorité fait adopter un texte qui

deviendra la « motion des 61 ». Quelle qu'en soit sa genèse, cette motion

prend immédiatement une importance considérable. Elle proclame en effet :

MOTION DE POLITIQUE GÉNÉRALE

Ce jour, 26 septembre 1955, en raison de la gravité des événements

que traverse l'Algérie, les élus du 2 e collège, soussignés, appartenant :

1. à l'Assemblée nationale,

2. au Conseil de la République,

3. à l'Assemblée de l'Union française,

4. à l'Assemblée algérienne,

se sont réunis à l'effet de préciser leur attitude.

Ils tiennent tout d'abord à dénoncer et à condamner formellement la

répression aveugle qui frappe un nombre considérable d'innocents,

appliquant le principe de la responsabilité collective à une population

sans défense.

Ils demandent la cessation immédiate de cette répression et le retour à

une conception plus saine et normale des règles de la justice.

Analysant les raisons profondes des troubles actuels, ils affirment

solennellement qu'elles sont essentiellement d'ordre politique.

Ils sont ainsi conduits à constater que la politique dite d'intégration,

qui n'a jamais été sincèrement appliquée malgré les demandes réitérées

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