30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Le Maroc et la Tunisie, qui n'ont pas encore officiellement accédé à

l'indépendance mais en sont sur la voie, ne peuvent y participer à part

entière en tant qu'Etats. Ils obtiennent d'y dépêcher des émissaires en qualité

d'observateurs.

Deux Algériens, dans les coulisses, se déplacent sans relâche,

s'entremettent avec bonheur : Ait Ahmed et Mohamed Yazid. Le premier est

l'un des « neuf ». Il fait partie de la délégation extérieure depuis les débuts

et y est responsable des relations étrangères. (Les Algériens parlent, en fait,

des relations extérieures.) Le second, centraliste, s'est rallié au F.L.N. dès le

1 er novembre 1954 avec Hocine Lahouel, autre centraliste important. Tout

en rondeur, parlant correctement anglais, il seconde habilement Ait Ahmed.

Les deux hommes, forts d'amitiés tunisiennes et marocaines, obtiennent

eux aussi le statut d'observateurs. Ce strapontin ne vaut pas un fauteuil,

mais n'en est pas moins une victoire. Face à la France, grande puissance

mondiale, le F.L.N. apparaît au plan international. Le communiqué final

mentionne l'« appui donné par la conférence asiatique et africaine aux

peuples d'Algérie, du Maroc et de Tunisie ». Le nom de l'Algérie est cité et

c'est déjà un grand point.

Les portes de l'O.N.U. peuvent s'ouvrir.

Ait Ahmed et Mohamed Yazid sont d'autant plus heureux du bilan de

leurs interventions que l'envoyé de Messali Hadj a été évincé. Le M.N. A,

aux yeux du monde, est supplanté par le nouveau venu qui apparaît comme

force combattante représentative.

Ce succès diplomatique est le début d'une série pour les Algériens. Au fil

des ans, ce travail des diplomates algériens rendra la position de la France

de plus en plus délicate. Ce que le F.L.N. perdra à l'intérieur des frontières

algériennes, il le regagnera à l'extérieur. Ce sera là l'un des points

déterminants de la lutte.

*

* *

En bon général, qui se respecte, Cherrières, dès le déclenchement de la

rébellion, a sur tous les tons réclamé des renforts. Comment tenir un pays

de plus de 250 000 km 2 , sans compter le Sahara, avec moins

de 50 000 hommes ? Il y a du vrai dans cette exigence même si le secteur

opérationnel est encore limité. Le retour des unités d'Indochine lui permet

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!