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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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» Je vais bien... Je viens de changer de pointe Bic. Une balle a brisé celle

que je tenais à la main... »

Les destinataires furent-ils dupes de l'imagination de leur couvée ?

L'histoire ne le dit pas.

Sur le même registre, on lira aussi cette missive postée à Négrine

en 1959 :

« Chers parents

» Je vous écris sur le toit d'une mechta. Des lions rugissent autour de moi

et je ne sais comment je pourrai redescendre... »

Les parents, crédules à souhait, saisirent le chef de corps des dangers que

courait leur rejeton...

Mais l'histoire s'écrit aussi avec des petits riens et ces petits riens ne

donnent pas toujours une image fidèle de la réalité algérienne. Ils façonnent

une certaine image qui, avec les mauvaises nouvelles – les morts, les

blessés –, transforme la province française d'outre-mer en un fardeau. La

raison impliquera de s'en décharger.

Au-delà de cette opinion publique métropolitaine en gestation, au plan

politique deux camps commencent à s'affronter très sérieusement : les pour

et les contre.

Pour l'Algérie française deux hommes se distinguent par leur fidélité ou

leur virulence : Jacques Soustelle et Michel Debré. Dès son retour en

France, l'ancien gouverneur général n'est pas resté inactif. Il a publié un

livre dont le titre seul est un programme : Aimée et souffrante Algérie. Il a

constitué une association : l'U.S.R.A.F., l'Union pour le salut et le

renouveau de l'Algérie française. Il a l'appui d'hommes politiques, de

Georges Bidault, Roger Duchet, André Morice. Des parlementaires, des

gaullistes engagés, se retrouvent à ses côtés. Plus d'un parmi les seconds

estiment et professent que le salut de l'Algérie française passe par le retour

de l'ermite de Colombey. Ce dernier, du reste, ne se laisse qu'à moitié

oublier. En mars 1957 il se rend à Colomb-Béchar pour visiter les

installations pétrolières, où il est accueilli avec les égards dus à un chef

d'Etat par Lacoste et Salan.

Michel Debré, lui aussi gaulliste affirmé, est sénateur d'Amboise. Il se

détache par sa violence et la vigueur de ses prises de position. Il ignore les

demi-teintes et ses propos dans son mensuel le Courrier de la colère sont

sans équivoque :

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