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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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il arrête la capitaine Noëlle Luchetti, une fidèle du Mandarin, mais encore il

se saisit de Mme Salsac, l'épouse d'un médecin en renom à Alger. La

malheureuse, qu'il soupçonne d'avoir aidé à héberger le chef de l'O.A.S., est

malmenée par Debrosse et ses équipes spéciales. L'affaire Salsac débute.

Elle dresse encore plus la population européenne contre le pouvoir.

Atterrés, les Européens découvrent que le cas Salsac n'est pas isolé. A la

caserne des Tagarins, à l'école de police d'Hussein-Dey, on torture ceux

qu'on appelle ici des patriotes. Les séides du chef de l'Etat deviennent la

Gestapo gaulliste.

Les gardes mobiles, qui n'étaient pas en odeur de sainteté depuis la

fusillade du 24 janvier 1960, apparaissent comme l'ennemi n o 1. Que ne

raconte-t-on pas sur leur compte ! Repris de justice, enrôlés dans les

centrales ! Les légionnaires de l'O.A.S., qui ont le panache des vrais

guerriers, n'ont-ils pas rapporté des cas précis de la dérobade des

« rouges » ? Au Mezera, dans l'oued Hallaïl, n'ont-ils pas dû servir des

armes de bord des automitrailleuses des gardes mobiles, terrés de frousse au

fond de leurs engins ? Les rouges, les voici : gibier de potence, dégonflés,

tortionnaires. On ne se fait pas de cadeaux et la garde rend la monnaie de la

pièce. Malheur à ceux qui tombent entre ses mains ! Malheur aux logements

où ils doivent perquisitionner ! Salan, au début de 1962, non sans emphase,

signera à ses capitaines l'ordre d'ouvrir le feu contre les gardes mobiles. On

finira par tirer les « rouges » comme des lapins. La bataille d'Alger a changé

de partenaires.

Salan, en septembre, a réussi à se débarrasser de son mentor. Il a quitté

Martel et sa Mitidja pour le centre ville. Jouhaud, quant à lui, a rejoint Oran

pour diriger l'organisation dans sa province natale. Désormais, les chefs

sont en prise avec le combat. Salan en profite pour reprendre l'initiative.

Le 11 septembre, le chef de l'O.A.S. s'adresse officiellement aux

parlementaires français. Il leur dit en substance :

« Laissez les Algériens prendre eux-mêmes la défense de leurs terres », et

il propose la mobilisation de huit classes en Algérie.

Deux mois plus tard, le président de la commission de la Défense

nationale à l'Assemblée, François Valentin, reprend cette idée. Sa

proposition, que d'aucuns baptisent l'amendement Salan, recueille quatrevingts

voix. L'O.A.S. s'affirme une force jusqu'au Parlement. Le pouvoir a

de justes raisons de s'inquiéter car, de semaine en semaine, cette subversion

apparaît plus puissance.

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