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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 101 Écriture du gascon<br />

Le graphème e pour a étymologique, témoin d’un particularisme phonétique<br />

Une visite des textes de l’ancien gascon devrait nous éclairer sur ce point.<br />

Dans les textes antérieurs à 1300 rassemblés par Luchaire (1881) pour la “Région girondine”,<br />

les -a dominent, mais -e apparait très tôt dans le Cartulaire du Prieuré de St-Pierre de La Réole (p.<br />

115) : Grimoardi de Borderes (acte de 990); Marze Retonda, Marze Ardona et aussi Marza rotunda<br />

(1026/1030); terre del Casterar (1080) etc. On en trouve encore quelques rares dans les actes de<br />

1234 à 1243 qui suivent dans le Recueil : libres {livres (monnaie)}; esporle {redevance due au<br />

changement de seigneur}; oscle {présent de noce}; ailleurs : libras, esporla, oscla. Il en est de<br />

même dans le tarif douanier de Libourne de 1275 (Grosclaude, 1986-2, p. 47) : Bordes (nom du<br />

notaire lui-même {granges}), bonez voluntatz {bonnes volontés}, Labere (nom du Connétable de<br />

Bordeaux {la belle ?}), Saloobee / Salaboe (?), vaque (2 occ.) {vache}, egue {jument}, porte (2<br />

occ.) {il porte}, trasse / trassa {chargement}. Mais on ne trouve que des formes en -ador, -ament.<br />

Le Cartulaire de St Jean de Sordes, publié par Paul Raymond en 1873 contient la copie considérée<br />

comme fidèle de textes latins remontant au XII e s.; mais les noms propres gascons n’y sont<br />

pas toujours latinisés, et des mots du lexique y sont glissés, surtout dans les censiers : le plus souvent,<br />

des verbes ou des noms de produits, pour que les obligations des redevables ne prêtent pas à<br />

discussion. Ainsi, le nom propre Garsia(s) apparait aussi comme Garsie dès un acte de 1105/1119;<br />

ailleurs, Gassie; pp. 119-120, la liste des biens de l’abbaye à St-Cricq (XII e s.) contient arribere<br />

{terrains en bord de cours d’eau}, le terre, le correge {terrain en bande}, Le Barrere {barrière (de<br />

péage ?)}, Anglade {terrain en angle} etc.; on voit là l’article féminin issu de ‘illa’ noté le, car ce<br />

proclitique est atone et son a devient logiquement /ø/.<br />

Dans les quatre autres textes landais du Recueil de Luchaire situés en dehors de Bayonne, les<br />

-e féminins l’emportent généralement. À l’intérieur des mots, on lit emparedors {protecteurs}<br />

(1256, Casteljaloux), compredoos {acheteurs}, eretedoos {héritiers} mais forsados {auteurs de<br />

voies de fait} (1256, Marsan) et demandedors {demandeurs}, cosselhedors {conseillers}, ajudedors<br />

{aides} (1270, testament d’Amanieu VI d’Albret); et aussi mandadors {qui ordonnent} (1268,<br />

Gabarret); les formes en -ament par contre l’emportent nettement sur celles en -ement (franquements<br />

{en franchise}, prumerements {premièrement}, deseretement {spoliation d’héritage}, 1256,<br />

Marsan; segrement {serment}, 1270…)<br />

Les textes de Bayonne ne connaissent semble-t-il que -e dès les temps les plus anciens; dans<br />

le corps des mots, les -e- dominent; j’ai relevé par exemple, au Livre des Établissements,<br />

cambiedors {changeurs}, dauredors {doreurs}, arrazoedors {avocats}, mesuredors {métreurs},<br />

portedors {porteurs}, pesquedors {pêcheurs}, cosselhedors, prestedor {prêteurs}, prumeiremens,<br />

liurement {librement}, segrement, aiustement {additif (à un texte)} (mais aussi iustament),<br />

saubemens {en sûreté}, comensement, regnement {règne}, amonestement {avertissement} etc.<br />

Il en est de même pour la Coutume de Saint-Sever : -e est quasi exclusif, tandis que dans le<br />

corps des mots, ici encore, si les formes en -edor (forcedor, compredoos, curedor {tuteur (de<br />

mineur)}…) l’emportent de beaucoup sur celles en -ador (abitadors {habitants}, procurador<br />

{procureur}, predicadors {prédicateurs}…), c’est l’inverse pour celles en -ament (comensament,<br />

segrament, judiamentz…), près de deux fois plus nombreuses que celles en -ement (comensement,<br />

noerement {nouvellement}, segrement…)<br />

En Bigorre, on trouve quelques -e féminins : Arenes {Arènes}, totes franquesses {franchises}

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