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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 59 Sociolinguistique du gascon<br />

fournit actuellement presque la moitié de la population totale du Béarn, même si les locuteurs sont<br />

plus nombreux qu’à Bordeaux, ils sont presque exclusivement âgés de plus de 50 ou 55 ans et sont<br />

minoritaires même dans cette classe d’âge. « Au contraire, dans la commune d’Arette, située dans<br />

la partie de la vallée de Barétous la plus éloignée d’Oloron, le béarnais est parlé par presque toutes<br />

les personnes âgées de plus de 40 ans. Et la compétence passive est quasi-générale dans les zones<br />

rurales.<br />

B. Moreux rappelle alors l’évolution générale au cours du XX e s de la société française, et de<br />

sa part rurale principalement, phénomène bien connu : « La société agraire a plus changé de 1950 à<br />

1980 qu’au cours des cinq siècles précédents. » (Bertrand Hervieu, sociologue du monde rural,<br />

Président de l’<strong>Institut</strong> national de la recherche agronomique (I.N.R.A.), interviewé à l’occasion du<br />

Salon de l’Agriculture, Pèlerin Magazine, n° 6723 du 21 février 2003).<br />

B. Moreux y voit avec raison une cause déterminante dans le recul du gascon et du béarnais,<br />

et plus encore dans la fin de sa transmission familiale, d’où le constat de R. Lafont (2000) : « Les<br />

langues et cultures régionales […] leur transmission familiale s’est arrêtée vers 1960. »<br />

B. Moreux parle alors du rôle particulier des femmes dans la transmission de ces langues (cf.<br />

A. Kristol et J. Wüest, 1985, p. 43), sujet sur lequel je reviendrai, p. 94 :<br />

« les femmes, qui ne fournissent qu’un gros tiers (36 %) des locuteurs experts<br />

actuellement dans les Pyrénées-Atlantiques gasconophones (32 % dans les Hautes-<br />

Pyrénées), ont joué un rôle capital. En effet, paradoxalement, alors que les mères sont<br />

habituellement les agents déterminants de l’apprentissage de la langue maternelle, elles ont<br />

été, en Gascogne, les premiers éléments de la cellule familiale à valoriser le français, à<br />

tenter par leur propre exemple, en collaboration avec l’école, d’en imprégner précocement<br />

leurs enfants. Ainsi les mères, actives d’ailleurs à tous les niveaux de la modernisation en<br />

opposition souvent au conservatisme paternel, constituaient un relais de proximité des<br />

autres facteurs plus diffus de changement, relais d’autant plus efficace qu’il empruntait les<br />

voies de l’affectivité. »<br />

B. Moreux fait enfin deux constats, qui ne surprendront personne : les compétences, aussi<br />

bien passives qu’actives décroissent continument de génération en génération; par exemple, si la<br />

moitié des plus de 64 ans parle ou seulement comprend plus ou moins la langue, cela n’est plus que<br />

les 7 % des jeunes entre 15 et 24 ans. Quant aux couches sociales des locuteurs, ce sont<br />

évidemment les agriculteurs qui sont les plus nombreux, alors qu’étudiants, cadres supérieurs et<br />

professions libérales sont sous-représentés; et les employés et ouvriers aussi, faute de liens avec le<br />

monde rural.<br />

L’enquête INSEE-INED de 1999 (Colette Deguillaume et Éric Amrane, 2002)<br />

Depuis ont été publiés les résultats de « l’enquête Étude de l’histoire familiale de<br />

1999 […] conçue avec le concours de l’<strong>Institut</strong> national d’études démographiques et<br />

réalisée par l’INSEE. Elle fait l’objet d’une exploitation concertée entre les deux instituts.<br />

Pour la première fois, elle comportait un volet consacré à la “Transmission familiale des<br />

langues et parlers”. Les questions concernant cette transmission ont permis d’isoler et d<br />

étudier les trois grands axes suivants :<br />

« - d’une part, “l’héritage” de ces langues et parlers différents transmis par nos<br />

parents, considérés isolément, dans notre enfance,<br />

« - d’autre part, l’usage que nous-mêmes avons adopté vis à vis de ces langues et<br />

parlers, avec nos jeunes enfants,<br />

« - et enfin, notre pratique actuelle avec notre entourage, de ces mêmes langues et<br />

parlers.

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