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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 336<br />

Écriture du gascon<br />

X – Corrections diverses<br />

Cette sorte de parallélisme entre l’étude de la graphie classique et celle de la graphie moderne<br />

me conduit à ouvrir ici aussi une section « Corrections diverses ». Mais on peut étendre à<br />

l’ensemble du dictionnaire ce que Sarrail disait des mots composés : « Il y a beaucoup de liberté, ou<br />

d’hésitation, dans la graphie […] ». De telle sorte que ce serait perdre du temps de critiquer les<br />

graphies hésitantes ou incohérentes, tant il y en a, au sein même du Palay. Je me bornerai donc à<br />

deux mots d’usage courant, sur lesquels la graphie classique achoppe elle aussi.<br />

La préposition a ou ad<br />

Au mot à, préposition, Palay écrit ceci :<br />

« Quand il précède un mot commençant par une voyelle (en général un pronom ou un<br />

adverbe), à est souvent suivi de d, (à-d ét, dinqu’à-d ét) par euphonie et pour éviter un hiatus.<br />

« Dans le Gers et en certaines parties des Landes, à est suivi de n (digat-l’at à-n ét).<br />

C’est donc à tort que l’on écrirait ad et, an ét. »<br />

C’est à mon sens confondre deux faits linguistiques d’origine différente : si l’on ne peut donner<br />

au n du Gers et des Landes d’autre origine qu’un besoin euphonique, il est peu douteux que ad<br />

est la forme latine conservée devant voyelle parce que le -d s’y prononçait sans effort (cf. Coromines<br />

et Väänänen cités p. 300).<br />

Donc en graphie moderne comme en classique, c’est ad, tad, entad qu’il faut écrire en toute<br />

logique, mais par contre le [n] qu’on entend après a dans le Gers et les Landes se note non moins<br />

logiquement a-n, comme l’écrit Palay : digat-l’at a-n eth {dites le lui, à lui}.<br />

“Un autre, une autre”<br />

Si les auteurs en graphie classique évitent de noter à l’écrit ce qui se prononce le plus souvent<br />

[y''a*te] ou même [''a*te], avec à l’est le féminin en -[a*to], les auteurs en graphie moderne<br />

l’écrivent sans complexe… mais aussi sans trop de cohérence. Pour les raisons théoriques et<br />

pratiques exposées p. 304 au sujet de la graphie classique, j’estime que la graphie moderne doit<br />

retenir ugn autë pour les deux genres à l’ouest, et avec le féminin ugn aute à l’est.<br />

Quant à la forme apocopée [''a*te], elle sera ’gn autë avec ’gn aute féminin à l’est.<br />

XI – Variantes et tolérances<br />

Les propositions qui précèdent tendent à mettre en place un système orthographique cohérent<br />

valable pour l’ensemble des parlers gascons, moyennant l’effort que demande à chacun l’utilisation,<br />

à l’écrit et à la lecture, de certains graphèmes “englobants” qui ne représentent son parler propre<br />

qu’au prix de conventions différentes de celles du français bien connu de tous, mais qui ont<br />

l’avantage d’être les mêmes sur tout l’ensemble gascon; par exemple, ch qui se lit [#], [0] ou [tj]<br />

selon les lieux (cf. carte, p. 263).<br />

Néanmoins, ces graphies “englobantes” ne sont pas toujours possibles, et l’on a vu que le /w/<br />

entre voyelles ne pouvait se rendre que par u, alors qu’on écrira v pour le même mot là où la prononciation<br />

est [!]; de même, /j/ ne peut être rendu que par y et /2 / par j. Il s’agit de “variantes irréductibles”<br />

qui font partie du système.

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