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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 199 Écriture du gascon<br />

Ainsi, Roger Teulat (1982), alors professeur à la Faculté de lettres de Clermont-Ferrand :<br />

« Je remarque que, depuis quelque temps, les problèmes orthographiques<br />

s’accumulent sans avoir de solution. Personnellement j’ai proposé quelques innovations<br />

[mais pas d’organisme de coordination pour y donner suite].<br />

« Personnellement, dans mon métier d’enseignant, je suis obligé à chaque fois de<br />

choisir unilatéralement telle ou telle solution, soit parce qu’il s’agit d’un problème jamais<br />

traité, soit parce que la prescription en cours n’est pas cohérente.<br />

« Voici donc une table des problèmes que je crois pendants (sans doute en ai-je oublié).<br />

Je m’appuie sur le document paru en français dans les Annales de l’I.E.O. de 1950<br />

(que je viens de découvrir !), sur le dictionnaire d’Alibert […].<br />

« Il me semble qu’une réunion générale des intéressés sous la direction de J. Taupiac<br />

et dans le cadre administratif de la Commission de l’I.E.O. pourrait rapidement entériner<br />

ces innovations et tout serait dit. Pour moi, je n’admettrai pas le passage devant une assemblée<br />

générale, quelle qu’elle soit. Tout ce folklore est enterré, et définitivement. »<br />

On peut même citer l’aveu des dirigeants de Per Noste, faisant le point à l’occasion de<br />

l’Assemblée générale de 1984, aveu doublement naïf dans la mesure où il constate que les autorités<br />

“normalisatrices” se multiplient et où il donne la primauté à l’écrit, alors que la langue se parle de<br />

moins en moins (P.N.-P.G. 109, 7-8/1985, p. 19) :<br />

« Maintenant, nous ne sommes plus en Béarn les seuls à normaliser. Il y a aussi<br />

l’Éducation nationale, la Civada, l’Escòla Gaston Febùs, la Calandreta… Tant mieux,<br />

c’est la preuve que nous avançons ! Le danger pourtant serait que chacun normalisât de son<br />

côté… Il faut nous entendre, il faut que nous nous y mettions, parce que l’écrit reste ce qui<br />

est le plus important pour le renouveau de notre langue. »<br />

À cette “indiscipline” s’ajoute semble-t-il un grand désintérêt social pour une graphie tellement<br />

complexe qu’elle en est devenu le théâtre d’interminables disputes entre spécialistes. Le délai<br />

de deux ans entre les communiqués du Secteur de linguistique et leur publication par la revue officielle<br />

de l’I.E.O. parait symptomatique de ce désintérêt; et encore plus sans doute le black-out total<br />

sur les textes fondateurs de 1950 et 1952 sur la graphie (cf. p. 143).<br />

Aussi redécouvre-t-on sans cesse les problèmes et même des solutions déjà adoptées ici ou là,<br />

voire déjà étudiées et rejetées comme non-satisfaisantes, mais totalement méconnues de gens qui<br />

veulent légiférer sans connaitre l’état du droit en vigueur et son histoire… Ainsi R. Teulat, dont on<br />

a toujours apprécié le sérieux, ne découvrant qu’en 1982 La Réforme… de 1950, alors qu’il enseignait<br />

l’occitan depuis une vingtaine d’années; et tous les responsables occitanistes gascons dont<br />

nous verrons plus loin les lacunes dans ce domaine (p. 213).<br />

Et l’on ne met jamais les choses à plat, autour d’une table, en faisant l’inventaire des problèmes<br />

linguistiques et extralinguistiques, et en ne cherchant des solutions concrètes qu’après avoir<br />

défini et accepté des buts “politiques” et des principes techniques permettant de les atteindre.<br />

Mais au fond, n’y aurait-il pas un tabou ? Voici encore ce qu’écrivait naguère R. Teulat :<br />

« …en 1950 ou à peu près, se fit un pacte (tacite ou exprès, on ne sait pas) pour admettre<br />

en totalité la réforme alibertine. Accepter la critique, c’est répandre la confusion, ou<br />

plutôt la révéler au public. D’où le combat volontariste, sectaire, obscurantiste contre les<br />

choix différents. […] bien des théoriciens actuels sont intelligents, mais il leur est impossible<br />

de se contredire, de renier le choix de leurs vingt ans. » (2001-2, p. 189).<br />

Le Conseil de la langue occitane et ses “preconizacions”<br />

Cependant, pour mettre fin à la regrettable situation issue de la contestation des décisions<br />

I.E.O. de 1975, des contacts furent pris dès l’été 1996 entre « des gens du Secteur de linguistique de<br />

l’I.E.O., du GIDILOc de Montpellier, du Collège d’Occitanie de Toulouse et des universitaires de

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