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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 298 Écriture du gascon<br />

La “peur” : pòur<br />

[p%*] {peur} est écrit le plus souvent paur à la suite d’Alibert, ou parfois páur, pour marquer<br />

la fermeture du [a] en [%]; cela se justifie évidemment par l’étymologie (< ‘pavorem’), encore que le<br />

principe B d’Alibert l’écarte « en principe » pour les mots de formation populaire; mais cela permet<br />

aussi la relation avec les dérivés pauruc, espaurir etc. Cependant, si ces derniers se prononcent bien<br />

en [a*], paur est un hapax de au valant [%*]; certes, cela ne fait qu’une exception à mémoriser…<br />

mais le résultat n’est pas garanti; qu’il suffise de rappeler que les auteurs bayonnais de Que parlam<br />

(note 3, p. 69) croient que paur se prononce paou, donc [pa*].<br />

Or le gascon connait le phénomène inverse de ov latin devenu [a*], et cela de façon beaucoup<br />

plus systématique, alors que le languedocien a gardé [%*] : ‘novus’, ‘novem’ > nau; ‘Jovis dies’ ><br />

diyaus /dijaus; ‘cophinum’ > càven (“ruche”), etc. Et personne n’a jamais trouvé anormal de consacrer<br />

cette prononciation par au, contre òu en languedocien.<br />

J’estime donc que pòur est la seule graphie classique conforme aux principes de 1950. C’est<br />

celle de J. Séguy dans l’A.L.G. (cf. p. 155); elle a été employée par R. Darrigrand, expert en graphie<br />

classique du gascon (Contes deus monts e de las arribèras, édités avec Jacques Boisgontier,<br />

1970, 1978, pp. 18, 78; édition des Psalmes d’Arnaut de Salette en 1983, pp. 10, 44, 52, 173); c’est<br />

aussi la graphie de J. Monestier contrôlé par J. Boisgontier dans le Florilège des poètes gascons du<br />

Médoc, 1975, p. 78; de J.-L. Lavit dans l’Armanac gascon 1985, p. 36; de M. Pujol dans Tu e jo,<br />

P.N.-P.G. n° 207, 11-/12/2001, p. 12 etc. Coromines, qui ne note pas les -r amuïs, écrit pòu. En outre,<br />

pòur est la graphie la plus proche de por judicieusement choisi par les auteurs de Que parlam<br />

pour rendre le [pu] de Bayonne et du “parler noir” (p. 173 ci-dessus), tandis que rien ne permet de<br />

retrouver le pou d’Arnaudin-Boisgontier dans les graphies páur / paur de Joël Miró.<br />

Le démonstratif acò (Pour mémoire : voir p. 272)<br />

Les interjections a ! ba ! bò ! e ! ò ! (Pour mémoire : voir p. 269)<br />

L’adverbe [en'kw!rœ/o] : encoèra<br />

L’adverbe correspondant à “encore” français se prononce [en'kw!rœ/o] sur près des trois<br />

quarts du domaine et s’écrit encoere ou plus rarement encoera dans tous les textes anciens quand ils<br />

n’usent pas de la forme notée encare ou encara que l’est gascon partage avec le languedocien, ou<br />

de la forme bigourdane encore ou encora (ALG II, 276). Or les auteurs occitanistes ont adopté une<br />

graphie bien inutilement compliquée, enqüèra, peut-être pour la rapprocher de enquèra limousin,<br />

mais en l’éloignant des deux autres formes gasconnes et de la languedocienne et en créant un hapax<br />

avec la combinaison qüè. Au demeurant, rien ne permet de justifier un qu dans ce mot d’étymologie<br />

incertaine.<br />

La graphie normale de /we/ étant oe (cf. p. 251), le bon sens rejoint la tradition en écrivant ce<br />

mot encoèra.<br />

L’adverbe [[aw]tan] ou [[aw]ta] et ses composés<br />

Dans Lo gascon lèu et plan, M. Grosclaude (1977, p. 40) donne cette règle :<br />

« tant devant une voyelle Prononcer « tann » tant aganit Si avare<br />

« tan devant une consonne Prononcer « tâ » tan beròi Si joli »

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