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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 109 Écriture du gascon<br />

Mais pour que les lecteurs puissent en juger par eux-mêmes, il m’a paru indispensable de<br />

mettre à leur disposition ce texte essentiel à de nombreux titres; on le trouvera donc, en Annexe XI,<br />

avec sous-titres et commentaire.<br />

Le contenu de l’Advertissement<br />

Avant d’entrer dans l’étude de l’Advertissement, il me semble utile d’oublier les combats des<br />

XX e et XXI e s. pour les « langues régionales », les concepts de « conscience linguistique » et<br />

autres, pour nous mettre dans le personnage de Salette, chargé à 28 ans de traduire les Psaumes<br />

dans sa langue maternelle. R. Darrigrand nous y aide : « Salette est un chrétien protestant qui a reçu<br />

vocation pour propager la Parole de Dieu. Il le fait en prêchant, en enseignant et en traduisant les<br />

Psaumes. » (1983-1, discussion, p. 117).<br />

Pour parler comme le Pr. Michel Banniard, Salette est un « professionnel de la communication<br />

», comme le furent St Augustin, St Isidore de Séville ou Grégoire de Tours : quand ils prêchaient<br />

ou dictaient leurs écrits, c’était pour être compris du peuple des fidèles, et s’il leur arrivait<br />

de théoriser sur la langue, c’était pour que les prédicateurs qui relevaient de leur autorité s’acquittent<br />

au mieux de leur ministère. Salette ne fait donc aucun complexe linguistique, usant notamment<br />

du latin et du français chaque fois que cela est utile à son propos.<br />

Même s’il ignore telle anecdote rapportée par Grégoire de Tours (Liber II De virtutibus…, p.<br />

609) il sait qu’une mauvaise élocution chez un prédicateur ou même un célébrant a vite fait de<br />

provoquer l’hilarité des fidèles. Il va donc à l’essentiel, c’est-à-dire là où la lecture du béarnais lui<br />

parait s’éloigner le plus de celle du français. 20<br />

Avant tout, plus de la moitié de l’exposé traite de la place de l’accent tonique, vue sous<br />

l’angle de la distinction entre voyelles « masculines » et « féminines »; un petit tiers doit aider le<br />

lecteur à comprendre les agglutinations de monosyllabes, essentiellement la soudure à un motsupport<br />

des pronoms devenus asyllabiques; la lettre h, muette ou aspirée, fait l’objet d’un court<br />

alinéa; il n’a d’autre moyen de repérer le h aspiré qu’en se référant au français qui use de f à sa<br />

place. Enfin, plus proprement orthographique, un autre alinéa écarte la notation des consonnes<br />

finales amuïes à la place du doublement traditionnel des voyelles, pour ne pas altérer la langue.<br />

Sur tout ce qui n’est pas précisé, l’écriture et la lecture du béarnais sont supposées identiques<br />

à celles du français, ou ne pas poser de problème au lecteur francophone; c’est évident pour ou<br />

valant /u/ à l’intérieur des mots, gn valant /'/, ch valant /#/ (machans); ça l’est moins pour lh valant<br />

/&/ et surtout pour x, le plus souvent de même valeur que ch (medixa), mais valant aussi /+/ ou /ks/<br />

(exemple, circonflexe).<br />

Pour ce qui est des voyelles en syllabe finale, a, e sont atones, á, é toniques (comme chez<br />

Garros); par contre rien ne distingue i final atone (vici, seruici) de i final tonique (Acquisi, debi),<br />

pas plus que o final atone (rollo, Berdolo, mensolo) prononcé [u] de o final tonique dont Salette ne<br />

dit rien et qui doit donc avoir la même valeur /o/ qu’en français.<br />

20 En béarnais, le mot menistre, “ministre”, est aussi un surnom de l’âne (Palay), acception qu’ignorent le Trésor du<br />

Félibrige et les divers dictionnaires d’oc que j’ai pu consulter; seul l’abbé Foix mentionne celle d’ânon pour les<br />

Landes. Comme il est peu probable que l’on ait voulu ironiser sur les lointains serviteurs de l’État parisien, on peut<br />

supposer que c’étaient les ministres protestants de la Réforme qui étaient visés à l’origine, l’intonation de leurs prêches<br />

rappelant le braiment de l’âne aux esprits malicieux. En tout cas, dans un conte de Yan Palay († 1903), le même<br />

rapprochement se fait au détriment d’un prédicateur catholique… mais étranger à la paroisse.

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