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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 73 Sociolinguistique du gascon<br />

nombreux candidats, en citant des erreurs de langues qui laissent rêveur (le meilleur<br />

admissible a 10,67 de moyenne, le premier admis, 12,23 de moyenne et le dernier admis<br />

6,81 !) » (Philippe Blanchet, 2003-2, p. 234).<br />

Cependant, relever ce niveau n’est peut-être pas le premier souci de l’Éducation nationale, qui<br />

a tant d’autres problèmes à régler, alors qu’on trouve parmi les défenseurs patentés de l’«occitan »<br />

des voix pour admettre la médiocrité et le laisser-aller, « car toute langue vivante évolue »; certes,<br />

mais du fait de sa propre vie, non de l’ignorance de ceux qui ont pour métier de l’enseigner. On ne<br />

lira donc pas sans quelque malaise ces lignes d’un billet de S. Javaloyès (2004), « écrivain occitan »<br />

(cf. p. 216), haut responsable dans l’organisation des Calandretas et membre du Conseil<br />

économique et social de la région Aquitaine (ci-dessus, p. 47); n’étant peut-être pas trop sûr de la<br />

qualité de la langue dont il use ou qu’il contribue à faire enseigner, il réagit contre ceux qui se<br />

soucient de cette qualité et doutent des bienfaits des vues et pratiques occitanistes pour la garantir :<br />

« Ils passent leur temps précieux à désigner les délinquants linguistiques qui<br />

menacent la pureté de la langue : la leur, la vôtre, la mienne… Curieuse façon de sauver<br />

cet idiome menacé de disparition que d’attaquer ceux qui s’efforcent depuis des lustres de<br />

le faire vivre pour créer et rejoindre l’universel qui sommeille en elle [sic]. »<br />

Et le reste à l’avenant, pour ridiculiser ces pauvres autochtones paranoïaques qui voient dans<br />

« L’occitan, un envahisseur »; pourtant, c’est bien un responsable occitaniste, G. Narioo, qui, oubliant<br />

les “écrivains occitans” modernes, achève ainsi sa chronique Parlar plan {bien parler} du<br />

numéro de País gascons reçu le jour même où paraissait ce billet (P.G. n° 221, avril 2004, p. 12) :<br />

« Nous ne recommanderons jamais assez aux jeunes, qui veulent apprendre à parler<br />

une bonne langue, de lire les bonnes œuvres, comme celles que nous a laissées le Félibrige<br />

qui a su produire des trésors. »<br />

Mais pour revenir à l’enseignement institutionnel, celui-ci souffre sans doute d’une difficulté<br />

spécifique à son CAPES, difficulté « signalée, du reste, tous les ans et à maints endroits du<br />

rapport », comme le rappelle Ph. Blanchet (2003-2, pp. 234-235) : contrairement à d’autres CAPES<br />

comparables comme celui de créole qui cantonne les candidats dans la variété qu’ils ont choisie,<br />

celui-ci exige des candidats une compétence passive dans toutes les variétés d’oc, à l’oral et à<br />

l’écrit, une gageure « étant donné l’immense diversité du domaine d’oc (au point que nombreux<br />

sont ceux qui y voient plusieurs langues et non une seule). » Qui trop embrasse mal étreint…<br />

La « confusion » qui s’était produite en 1982 pour l’épreuve facultative bonifiante du<br />

concours externe de recrutement des Écoles normales en apporte la contrépreuve, selon ce qu’en<br />

rapportait Per noste-Païs gascons (n° 93, Nov-Déc. 1982, p. 15) : outre diverses langues de<br />

l’immigration, le décret (de juin 1982) énumérait des langues régionales, parmi lesquelles le<br />

béarnais, le niçart, l’occitan et le provençal; conséquence : « Les candidats béarnais se virent<br />

évidemment avantagés parce qu’ayant à traduire un texte de leur région précise [je dirais plutôt “de<br />

leur langue propre” !]. Mais tous les autres <strong>Gascon</strong>s, Auvergnats, Limousins furent contraints, en<br />

bloc, de se rabattre sur un texte unique de Carcassonne ou Albi. » On ne peut dire mieux que les<br />

compétences “occitanes” ne sont pas interchangeables.<br />

Au demeurant, en présence d’un étudiant qui connait bien le gascon ou une autre langue d’oc<br />

des “marges”, il est des professeurs d’université qui reconnaissent honnêtement que leur étudiant en<br />

sait plus qu’eux-mêmes sur le sujet. Cela les honore, mais pose effectivement le problème de la<br />

fiction de l’unicité de “la langue d’oc” ou “occitan”; imaginerait-on un CAPES d’hispanique réunissant<br />

portugais, galicien, castillan, aragonais et catalan ? ou de celtique, ou de germanique, etc. ?

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