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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 279 Écriture du gascon<br />

Th. Field préfère mettre en avant le témoignage des textes bigourdans et béarnais où les finales<br />

ne sont qu’en -tz jusqu’au XVI e s., laissant supposer que la perte du -s est relativement récente.<br />

Quoi qu’il en soit des origines et des causes, les éminents spécialistes du gascon que sont Bec<br />

et Allières voient dans ce -[t] des 5 èmes personnes un trait spécifique du gascon. Or curieusement, je<br />

n’ai pas su trouver mention des prononciations gasconnes en -[t] ou -[s] chez la plupart des grammairiens<br />

occitanistes du gascon : ni P. Bec dans un ouvrage antérieur, de 1959; ni R. Darrigrand<br />

(1969-1), qui ne mentionne même pas le digramme -tz, tout en faisant de l’opposition cantats<br />

{chantés} à cantatz {vous chantez} un exemple du caractère « fonctionnel » de la graphie classique<br />

(p. 6); ni le même (1974); ni encore le même et M. Grosclaude (1976); ni ce dernier (1977); ni A.<br />

Hourcade (1986); ni A. Blanchi et A. Viaut (1995); ni M. Grosclaude et G. Narioo (1999), ces deux<br />

derniers ouvrages étant pourtant spécialisés sur les conjugaisons. Le Civadot (cf. p. 159) est à ma<br />

connaissance le premier ouvrage “grand public” à mentionner l’amuïssement du -z du -tz final des<br />

5 èmes personnes : « que cantatz (ce z est généralement muet en Béarn) » (p. 21), ce qui est redit p.<br />

27; comme l’ouvrage ne vise que le Béarn, c’est honorable. Comme auteurs de grammaires, J.-P.<br />

Birabent et J. Salles-Loustau (cf. p. 167) abordent le sujet, mais ils n’ont apparemment pas consulté<br />

l’ALG ni lu P. Bec, car on lit seulement, p. 24 : « La prononciation [ts] du groupe final -TZ caractéristique<br />

de la 2 ème personne du pluriel se réduit parfois à [t] (Béarn en particulier) » : le « parfois »<br />

temporel trompe, car c’est dans l’espace que se fait le partage, et bien au delà du Béarn (sans ses<br />

vallées); la Bigorre notamment, où exerce le premier auteur, prononce massivement [t].<br />

Tout cela pour dire qu’avec d’aussi maigres indications, la graphie -tz aura vite fait disparaitre<br />

une prononciation gasconne caractéristique qui affecte la moitié du domaine…<br />

Cependant, l’exemple de l’orthodoxie… et du bon sens comme de la fidélité à la langue nous<br />

a été donné par J. Séguy et X. Ravier (cf. p. 154). Comme eux, j’écrirai donc qu’anat, que dromit.<br />

Corrélativement, on écrira adixat/adeixat dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-<br />

Pyrénées qui prononcent en -[t], adixatz/adeixatz dans le reste du domaine (ALG III, 1064); on ne<br />

voit pas en effet au nom de quoi on unifierait la graphie de ce pluriel, alors qu’on admet parfaitement<br />

d’écrire adiu ou adieu selon les lieux (ALG III, 1063), la zone de adieu étant au demeurant<br />

bien plus réduite que celle de adixat.<br />

De même, les réalisations locales en -[t] de mots généralement prononcés en -[1] sont des<br />

“variantes irréductibles” qui ne pourront être notées valablement que par -t; c’est d’abord le cas de<br />

ditz {il dit} prononcé [dit] sur un bon quart du domaine (ALG V, 1874 : nord du Béarn et de la Bigorre,<br />

nord des Landes, ouest et sud du Gers, Bazadais et Néracais); et aussi de dètz, prètz, votz et<br />

autres, prononcés [d!t] (ALG VI, 2389), [pr!t] et [but] etc. (Palay : en Bigorre et Gers, dèt, prèt,<br />

bout, etc.); ils auront pour variantes dit, dèt, prèt et vot, etc.<br />

-/s/ final des 5 èmes personnes noté par -s ou -tz ?<br />

Le même raisonnement vaut pour les zones réduites où les 5 èmes personnes sont en -[s], puisque<br />

la notation par -tz n’est prévue que pour -[1]; la règle est que -s note -[s], mais « lorsque s sourd<br />

provient de […] ti latin[s], on le note, selon les cas, par ç ou c » (cf. annexe XIII, p. 407); la marque<br />

des 5 èmes personnes venant de ‘-tis’ latin, ce serait donc -ç qu’on devrait écrire : qu’anaç, que dromiç;<br />

je doute que cela convienne aux intéressés, qui préfèreront sans doute le -s banal : qu’anàs, que<br />

dromís; cependant, comme -[s] est une simplification de -[1], le noter par -tz serait envisageable,<br />

car cela ne risquerait guère d’altérer la langue de ces endroits; aux usagers de décider.

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