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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 290 Écriture du gascon<br />

(fertilisable, fertilisant, fertilisacion); foncionarisar; francisar (francisacion); fraternisar; generalisar<br />

(generalisable, generalisador, generalisacion); et, que l’on m’excuse, sodomisar (v° enculer).<br />

Le dictionnaire des Hautes-Pyrénées Atau que’s ditz (cf. p. 175) note bien par -z- cinq<br />

« substantifs grecs ou arabes » (azòt, azur, azard, orizont, ozòn) mais conserve en -s- ses 22 mots<br />

d’origine grecque en -[iza]- : (ar)realisar, (ar)regularisar, (ar)reorganisacion, autorisar, batisar,<br />

civilisacion, civilisat, colonisacion, decentralisacion, desmoralisar, generalisar, immobilisar, materialisar,<br />

mobilisar, naturalisar, organisaire, organisar, organisator, pulverisar, senhalisacion, sensibilisar,<br />

utilisar, vaporisar.<br />

Fait heureusement contraste le Dic. de Narioo & autres (cf. p. 185), probablement en raison de<br />

la connaissance du grec ancien qu’avait M. Grosclaude (il a traduit du grec au gascon l’Évangile de<br />

St Matthieu, 1995) et qu’a du grec moderne G. Narioo (il a travaillé plusieurs années en Grèce). Un<br />

survol m’a montré qu’il est très bon dans l’ensemble. Je n’ai décelé que quelques “ratés” : catequisar,<br />

catequisacion, fascisant, fascisacion, fascisar (si à realisme correspond realizar, catequisme,<br />

fascisme semblent justifier le z dans les mots en [iza] apparentés); alors que atisar, avisar, balisar,<br />

expertisar, flordelisat sont probablement justifiés, mais qui comprendra ces subtilités ?<br />

La conclusion de cette critique, je la laisse à un occitaniste du Vaucluse, dans une contribution<br />

préparatoire à l’Assemblée générale de l’I.E.O. de 2002 :<br />

« Un exemple typique de régression : écrire realizar et precisar : la différence de<br />

graphie n’est pas justifiée par l’occitan, qui ne fait pas la différence phonétique entre [s] et<br />

[z]. Si j’avais la place ici, je pourrais faire la démonstration du caractère ubuesque de cette<br />

réforme. » (Gilles Fossat, “Per un vam {élan} novèu : un occitan viu {vivant}, una grafia<br />

modèrna”, Occitans ! n° spécial A.G. 2002, p. 19).<br />

Et en élevant le débat, je fais mienne cette remarque sensée de R. Teulat :<br />

« Si l’occitan [pour nous, le gascon] est autonome épistémologiquement, il faut élaborer<br />

sa graphie de façon autonome. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas tenir<br />

compte des choix des autres langues romanes, mais il n’y a pas de raisons d’en privilégier<br />

une sur l’autre, le français sur l’italien, l’espagnol sur le portugais. (…) Pour l’orthographe,<br />

la culture occitane [pour nous, gasconne] a, dans sa tradition, tous les moyens nécessaires.<br />

» (Estudis occitans, n° 10, 2 nd sem. de 1991, p. 7)<br />

De fait, je n’ai guère trouvé de -izar dans la tradition gasconne. Les Récits d’Histoire sainte<br />

(Lespy et Raymond, 1876-77), dont la langue date du début du XIV e s., comptent 18 -isa- et seulement<br />

4 -iza- (surtout dans prophetisar et composés et baptisar, et aussi escandolisatz et martirisatz).<br />

S’y ajoutent les exemples anciens du Dic. de Lespy, tous en -isa- et la plupart antérieurs à<br />

1500, début d’une influence française grandissante; en voici quelques-uns :<br />

Fòrs de Bearn (manuscrit du XV e s.) : L’ordenance sie publicade ab botz de trompe cum se<br />

an acostumat far las uques e preconisations.<br />

Un baron béarnais au XV e s. (pièces d’archives réunies et publiées par V. Lespy et P.<br />

Raymond) : Aixi marterisat… lo fe meter au fontz de la torr.<br />

Stil de la justicy deu pays de Bearn (1564) : Procez criminal civilisat, mais aussi inbentorizatz<br />

et inventarizade.<br />

Avant de conclure ce long paragraphe, je dois rappeler que J. Allières, dans le volume V de<br />

l’ALG, a conservé le z entre voyelles dans les usages anciens (cf. p. 153) : substitué à -d- : crézer,<br />

vàzer…; à -c- : dízer, còzer. Cela a l’avantage de signaler que le mot ainsi prononcé en [z] se réalise<br />

en [d] en d’autres points de l’espace gascon; par exemple, auzèth, dízer indiqueraient au <strong>Béarnais</strong>

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