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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 249 Écriture du gascon<br />

anciens, mais réécrits en graphie classique occitane :<br />

« En normalisant les textes, nous avons noté a la voyelle prétonique qui devient e<br />

dans la région d’Orthez, Salies et Sauveterre et nous avons écrit, par exemple, davant pour<br />

devant, hasè pour hesè (verbe har), etc… ».<br />

Mais pour qui l’écrit est au service de la parole quand il s’agit d’une langue vivante, il faut<br />

donner la règle de lecture correspondante; or dire que dans la région visée — non seulement<br />

l’Albret d’une part, et l’ouest du Béarn d’autre part, mais en fait une vaste moitié ouest du domaine<br />

gascon — tout a prétonique se lit comme un e est non seulement bien complexe à enseigner, mais<br />

surtout est faux, comme je l’ai rappelé en Annexe XX.<br />

Au demeurant, É. Gonzalès a écrit, p. 19, arrequedera et non arrecadera et, p. 20, resons et<br />

non rasons… : heureux lapsus calami, ou encore « Chassez le naturel, il revient au galop. »<br />

Cette “règle” ne pouvant fonctionner, on s’en tiendra donc ici à l’attitude adoptée pour les futurs<br />

et conditionnels des verbes en -ar : ce qui est [e] ou [œ] restera noté e.<br />

a pour noter / œ ! ø/ ou /o/ posttonique du suffixe -ament<br />

Le gascon comme le français a deux sortes de mots en -ment, tous de formation “savante”, des<br />

adverbes de manière dérivés d’un adjectif au féminin et des substantifs; lorsque le radical de ces<br />

derniers est un verbe en -a-, on aboutit à des mots de même allure que les adverbes : gauyosament,<br />

cambiament {joyeusement, changement} (voir Annexe XX).<br />

Comme pour les suffixes -adoù et -adé examinés plus haut, Palay en était resté à la notation<br />

du « a étymologique ». De même, il me parait possible et donc souhaitable de faire comme lui en<br />

précisant que le -a- de -ament se prononce comme le -a posttonique des mots simples tels que hemna<br />

{femme} ou arròsa {rose}.<br />

Feront néanmoins exception les quelques mots qui sont en -ament en français et<br />

qu’aujourd’hui le gascon prononce partout en [a] comme signalé dans l’Annexe : firmament, ligament,<br />

temperament, testament. On l’indiquera dans les articles des dictionnaires.<br />

Pour les quelque vingt-quatre dérivés de substantifs en -ament évoqués dans l’Annexe (foundamentàu,<br />

ournamentà, ournamentacioû etc.), la sagesse sera sans doute de consacrer l’usage qui<br />

aligne leur prononciation sur le français, et de l’indiquer aussi dans les dictionnaires.<br />

Enfin, il convient de souligner que le « a étymologique » n’a pas sa raison d’être pour les adverbes<br />

dérivés d’adjectifs en -e dans les régions où ceux-ci sont épicènes (simplement [simple'men])<br />

ni pour les mots d’étymons en -e-, comme elemén etc.<br />

La voyelle e en “parler noir”<br />

On sait que le gascon de la Grande Lande est caractérisé par une prononciation assourdie de la<br />

voyelle e, d’ou le nom de “parler noir” que lui ont donné les <strong>Gascon</strong>s des contrées voisines. J’userai<br />

donc ici de ce nom pratique et bien connu. En gros, ce qui est [e] devient [œ, ø ou œ], et [!] devient<br />

[e]. Et cela concerne une bande littorale qui va du Barp à Biarritz, sur une cinquantaine de km de<br />

largeur et donc Bayonne et le Bas-Adour, fortement peuplés et urbanisés.<br />

On en trouve une présentation succincte chez J. Boisgontier (1994), avec l’indication de ses<br />

choix personnels pour régulariser la graphie d’Arnaudin, fluctuante dans le temps et pas toujours

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