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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Chapitre II<br />

Sociolinguistique des graphies du gascon<br />

Aborder les graphies sous l’angle de la sociolinguistique, c’est soulever une foule de questions<br />

qu’il peut être difficile de bien ordonner. Je vais néanmoins l’essayer, car cela me parait indispensable<br />

pour assurer de solides fondations à mes propositions des prochains chapitres.<br />

Comme pour la langue elle-même, je montrerai d’abord la confusion qui règne dans la<br />

désignation des graphies, afin d’éviter au lecteur de s’y laisser prendre.<br />

Puis, comme toutes les graphies en vue répondent à des règles, à des normes publiées à un<br />

moment donné, nous nous interrogerons sur le pouvoir normatif en la matière.<br />

Nous verrons ensuite comment le monde gascon voit et pratique la graphie moderne, puis la<br />

graphie classique, et nous nous demanderons pour finir si celle-ci ne se réduit pas à un rêve éveillé<br />

de lettrés.<br />

I – De la confusion dans la désignation des graphies<br />

La revue historique qui précède montre que, finalement, la graphie du gascon moderne se partage<br />

entre deux grands courants : un courant classique, principalement caractérisé par une référence<br />

à la graphie médiévale du temps des Troubadours et une vision fortement unitaire des parlers d’oc,<br />

groupés autour du languedocien; et un courant moderne, principalement caractérisé par une adaptation<br />

constante à la langue parlée, dans toute sa diversité dialectale.<br />

Dans les faits cependant, faute d’une réflexion approfondie sur ces questions, et donc faute de<br />

documents pédagogiques de bon niveau, faute de rigueur intellectuelle aussi, il règne une grande<br />

confusion dans les esprits quant à l’appréhension et la désignation de ces systèmes. J’y ai fait allusion<br />

dans le “Prologue” du chapitre précédent, p. 98; il convient maintenant de le montrer explicitement<br />

pour écarter les qualificatifs inadéquats.<br />

Une “étude de texte” pour essayer d’y voir clair<br />

Dans les pages de tête du manuel bayonnais de conversation Que parlam, un titre Comment<br />

écrit-on le gascon ? introduit opportunément mon propos (pp. 24-26, passim) :<br />

« On rencontre aujourd’hui, sommairement, trois façons de l’écrire :<br />

« 1 er cas – Graphie phonétique, ou spontanée, au gré de chacun.<br />

« Le locuteur écrit le gascon comme il le parle ou l’entend parler, en suivant les règles<br />

orthographiques de la langue qu’il connaît le mieux, et en tout cas de la seule qu’il sache<br />

écrire : le français.<br />

[…]<br />

« Le gascon “de BAYONNE” tel qu’on le connaît par les textes déjà publiés, a été<br />

forcément écrit en “phonétique” (3) ; l’Académie Gascoune avait fixé quelques règles, il y a<br />

soixante-dix ans, mais cet effort n’a pas été poursuivi et actualisé, si bien que nous n’avons<br />

ni grammaire, ni dictionnaire, ni livre “de classe” en gascon de Bayonne. Pour l’étude du<br />

gascon dans notre secteur, on est obligé de recourir à des ouvrages écrits en béarnais.<br />

« C’est ainsi que l’effort en faveur de la langue d’origine précipite la perte du “gascon<br />

de Bayonne”.<br />

« 2 ème cas – Graphie phonétique “régularisée” par certains organismes :<br />

« À défaut d’instrument d’État pour organiser et “réglementer” la langue et ses évolutions,<br />

l’Escole Gaston FEBUS, de Pau, (une association) a fait un gros effort dans ce

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