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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 150 Écriture du gascon<br />

de “-ll” latin (L’application…, p. 6); Séguy écrit donc thithons (1181), regathar (1194; Alibert<br />

Dic., regajar), ricothet (1207), tholar, s’atholar (1257), catha-niu, catho (1272), alors que, par<br />

exemple, on lit cachaniu chez Alibert, 1966, ce qui correspond à la prononciation ['ka0o'ni*] notée<br />

à Ste-Foy-d’Aigrefeuille, au sud-est de Toulouse, en domaine languedocien. Ravier fait de même :<br />

fathós (R.I, 46, 55), et même pityèrs (R.II, 135). Au demeurant, th est sans doute la seule notation<br />

possible pour des mots comme potha {poule}, féminin de poth {coq}, motha {molle}, féminin de<br />

moth, pour les finales romanes en -t devenu [tj] ou [0] en Comminges et Couserans (2125), et a<br />

fortiori pour les mots de l’ouest gascon où s’est glissée une mouillure hypocoristique venue du<br />

basque comme pothic, pothon {petit baiser affectueux} (cf. ma note v° poutyic in Lespy, 1998).<br />

• probablement par imitation du catalan, L’application… a adopté tg/tj pour noter l’aboutissement<br />

de ‘-ticu/-dicu’ latins : ‘villaticu’ > vilatge, ‘medicu’ > mètge; pourtant, le catalan n’a qu’une<br />

prononciation [dJ], et le gascon [dj] ou [ò], l’occlusive étant d partout, sauf en trois points<br />

seulement qui ont [tj] (2205); il en est de même pour /ù/ que L’application… note tz, même quand<br />

l’étymologie comporte un d comme ‘duodecim’ > dotze. Mis à part herotje (1155), que l’on peut<br />

imputer à de l’inattention car on n’a entendu que [d] aux 6 points où le mot fut recueilli, Séguy s’en<br />

tient à la prononciation et écrit logiquement sauvadjum (1205), lòc sauvadge (1450) et dodze, sedze<br />

(2389), ces derniers supposant tredze dont ils sont « homomorphes ». Ravier semble hésiter : yudye<br />

(R.I, 23, 25), mais yutye (R.I., 32), vilatye (ib., 27) mainatyes (R.II, 122), vesinatge (ib., 120).<br />

• pour ce qui est du /w/ intervocalique, on a vu p. 147 que L’application… a autorisé pour le<br />

gascon la variante en -u- du -v- occitan… et béarnais. Mais la prépondérance béarnaise dans la vie<br />

contemporaine du gascon a fait que l’on n’écrit guère que -v-, d’où un risque de perte de la prononciation<br />

originale — et sans doute originelle — [w]. Or Séguy ne l’entendait sans doute pas ainsi,<br />

car il écrit -u- chaque fois que l’on dit [w] : espauent (1112), beuet (1118), s’enbeuedar (1124),<br />

trauasseya (1125), s’es gauanhada (1145), carauet (1371). De même, Ravier : en R.I, Casnauèt<br />

(22), aueyar (24), gauequeyar (47); en R.II, aishiuadat (119), auém (120), Auét (121)…<br />

• peut-être Séguy a-t-il voulu sauvegarder de même la prononciation [j] de ce que la graphie<br />

occitane note par un j ce qui se lit [j] ou [2] selon les lieux : nayèra, ayèra (1114), estampareya,<br />

trauasseya (1125); mais peut-être à cause d’une prononciation en [2], arrajou, arrajader (1103),<br />

tremieja (1175), pieja (1289). C’est aussi le choix de Ravier : mayorau, mainatyes, dimenye,<br />

minyar (R.II, 118, 122, 134, 135) tandis que vesinatge, Espujaus (R.II, 120, 121) peuvent correspondre<br />

à des réalisations en [2].<br />

• malgré L’application… qui prévoit de noter /k/ par « qu, d’après l’étymologie, dans les<br />

mots d’origine savante et dans quelques mots populaires : qualitat, liquor, quotidian, quotitat,<br />

quartèr. », Séguy semble préférer la simplicité : carrat, carrelat (1276), pracò (1344), quaucun,<br />

quaucòm, quaucarren, quauca causa (2071); mais aussi quauqua part dans la même carte 2071, et<br />

aquò (2347, 2376 et VI-C, 20), pas cohérent avec pracò, alors que l’étymologie est incertaine (cf.<br />

Taupiac, 1992, 446). Et chez Ravier, on trouve acò (R.I, 74, 97) et même cauque (R.II, 125) tandis<br />

qu’Allières titrait le n° 24 de Via Domitia, 1980-2 : « L’Occitanie. Qu’es acò ? » (cf. p. 272).<br />

• de même, la notation de /2/ devant e et i se fait normalement par g, mais L’application…<br />

prévoit « Seuls les mots d’emprunt savant conserveront leur j d’origine : Jèsus, Jerusalèm,<br />

projeccion, injeccion, trajectòria. » C’est encore asez arbitraire. Il semble bien que Séguy s’en soit<br />

affranchi, en réservant normalement le g à ce qui en aurait un à l’étymon; ainsi, jitar (1107), herotje

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