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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 165 Écriture du gascon<br />

25 – Une critique d’ouvrage par Jean Salles-Loustau (1986)<br />

Jean Salles-Loustau a très peu publié, même quand il était à la tête des Reclams, de 1984 à<br />

1990, mais cela s’explique sans doute par ses occupations professionnelles et la préparation de sa<br />

thèse sur Camélat, non moins que par la charge d’une revue à laquelle il avait su donner une belle<br />

tenue.<br />

Il a néanmoins signé quelques critiques de livres et un ou autre article, et on peut logiquement<br />

lui imputer les critiques et billets anonymes publiés sous son contrôle de directeur de la revue.<br />

Nous nous arrêterons ici sur sa critique (Reclams 7/8/9-1986, pp. 200-201) de la réédition en<br />

graphie classique occitane par André de Gavaudan de l’Anthologie populaire de l’Albret de l’abbé<br />

Léopold Dardy (1826-1901). Bien que non centré sur la graphie, ce qu’il en dit mérite à mon sens<br />

d’être examiné, comme un état de la pensée d’un enseignant béarnais appelé à exercer<br />

d’importantes fonctions dans l’enseignement officiel des langues dites “régionales”.<br />

Il se réjouit d’abord de cette transcription en graphie classique qui « met à notre disposition<br />

tout en le rendant lisible par tous un texte à la graphie souvent malheureuse ». Mais il ajoute<br />

aussitôt : « Cependant, ceux qui voudront étudier l’œuvre de l’abbé Dardy ne pourront s’épargner<br />

de revenir sur l’édition originale. » Certes, poursuit-il, il ne s’agit pas d’une édition critique, ce<br />

n’était pas le but de l’éditeur. « Mais entre le reprint, qui laisse au texte les fautes parfois les plus<br />

honteuses et ne permet pas une lecture facile, et la normalisation qui pose d’autres problèmes aussi<br />

ardus, il faudra trouver des solutions pour l’édition de l’écrit occitan. »<br />

En fait, cette “normalisation” sera en quelque sorte interdite par l’arrêté du 15 avril 1988 relatif<br />

aux programmes de langues régionales des lycée, puisque les dispositions générales pour la Langue<br />

d’oc stipuleront : « Les œuvres et les documents seront […] présentés en respectant strictement la<br />

graphie d’origine […] » (cf. alinéa complet de l’arrêté p. 196), sans pour autant faire obstacle à la<br />

correction en renvoi des aberrations graphiques dues à une mauvaise analyse grammaticale ou aux<br />

hésitations mêmes de l’auteur.<br />

Mais revenons à J. Salles-Loustau de 1986. Il remarque que malgré l’affirmation de n’avoir<br />

changé aucun mot, l’éditeur « se laisse mener parfois par un souci de normalisation linguistique »,<br />

et de donner en exemple la substitution du pronom neutre at par sa forme ac, alors que la première<br />

est « majoritaire dans les textes littéraires ».<br />

J’en tire deux conclusions, quant à la pensée de J. Salles-Loustau :<br />

– la graphie ac ne peut être considérée comme “englobante” par rapport à la prononciation<br />

[at] que représente la graphie at; c’est évident pour qui a bien compris ce qu’est une “graphie<br />

englobante” : ses diverses réalisations dans l’espace doivent en un même lieu être identiques pour<br />

toutes les occurrences; or en bien des endroits, ac serait le seul mot dont le -c se réaliserait -[t];<br />

– la référence est dans les textes littéraires; est ignorée la prononciation locale actuelle — ou<br />

tout au moins des années 1940-1965 — telle que l’ALG VI, 2257 l’a recueillie.<br />

J. Salles-Loustau poursuit en reprochant à l’éditeur d’avoir considéré comme “francismes”<br />

des formes telles que reson, seson, fantesia {raison, saison, fantaisie} car le passage à [e/œ] du a<br />

prétonique est tout à fait naturel dans une partie du domaine gascon.<br />

Mais là où le critique s’aventure trop loin, c’est quand il considère que la “norme” permettrait

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