Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 241 Écriture du gascon<br />
En présence de notations divergentes ou irrationnelles ou inadaptées à la langue moderne qui<br />
appelle des solutions simples et claires, des conventions nouvelles peuvent être établies; on préférera<br />
celles qu’ont adoptées, pour les mêmes raisons, les langues romanes voisines, occitan et catalan<br />
principalement (langues de référence).<br />
4.— Sous réserve du principe suivant, cette orthographe est phonologique, c’est-à-dire qu’une<br />
seule orthographe, dite “englobante”, doit couvrir le maximum de variantes de prononciation, grâce<br />
à des codes de lecture multiples, mais chacun unique pour un même lieu (1) ; cette orthographe sera le<br />
plus souvent une forme de l’ancienne langue encore vivante dans l’un quelconque des parlers gascons.<br />
(1) Les réalisations locales que ne peut couvrir la graphie englobante sont des “variantes irréductibles”, notées comme<br />
elles sont. Ex. : participes passés en -th (Couserans et Haut-Comminges).<br />
5.— Par dérogation au principe précédent, l’orthographe s’appuie sur l’étymologie lorsqu’il<br />
convient de maintenir la cohésion d’une même famille de mots, ou de conserver la parenté avec les<br />
langues de référence; tel est le cas notamment des mots d’origine savante.<br />
En conséquence, l’écriture peut représenter un même son par des notations différentes, ou rétablir<br />
des consonnes que la prononciation assimile, dissimile ou amuït dans un groupe, ou encore<br />
altère ou amuït en finale.<br />
III – L’esprit de mes propositions concrètes<br />
Il s’agit maintenant de définir des règles de détail de l’écriture classique du gascon en accord<br />
avec les principes révisés. En cela, je suis Alibert… tout en m’en écartant. À savoir que je pars des<br />
principes, alors que lui n’a écrit sept des huit principes que quinze ans après avoir formulé les règles<br />
de détail dans sa Gramatica de 1935. Ce qui explique que ces règles, reprises dans La réforme… de<br />
1950, violent parfois les principes venus après.<br />
Par exemple : selon le principe G, « Les consonnes finales amuïes ou altérées dans la prononciation<br />
seront toujours rétablies dans l’écriture. » Mais les mots d’étymon en ‘-nu’ ne marquent pas<br />
ce -n en finale (ase, Estève, òrfe…) bien qu’il le retrouvent au féminin (Gramatica, 1935, 1976, p.<br />
48) ou en dérivation : asena, asenada, Estevena, orfena… (cf. p. 275).<br />
Je vais donc essayer d’appliquer les principes avec rigueur, seul moyen d’éviter de fonctionner<br />
avec d’interminables listes d’exceptions qu’il s’avère impossible de faire apprendre aux élèves<br />
et étudiants d’un monde dégasconisé. Et pour cela, je me réfèrerai à ce que j’appelle le “superprincipe”<br />
formulé par Robert Lafont (1971, p. 11) :<br />
« Les deux qualités que l’on peut exiger d’un code sont son exactitude (la forme<br />
écrite de la langue doit permettre de restituer sa forme orale naturelle sans se tromper) et sa<br />
simplicité (l’opération d’encodage-décodage ne doit pas être trop lourde). »<br />
Ce que Jacques Taupiac disait plus concrètement (Occitans ! n° 82, janvier 1998, p. 17) :<br />
« …encore que beaucoup de prudence soit nécessaire ici aussi, je pense que la graphie<br />
de l’occitan doit avoir le plus possible de cohérence. Naturellement, la cohérence<br />
s’oppose souvent à l’immobilisme et le résultat de la cohérence est la “simplicité pédagogique<br />
essentielle” qu’il faut distinguer de la “simplicité pédagogique superficielle” : quand<br />
on est accoutumé à une graphie, il est toujours inconfortable d’en changer, mais un enfant<br />
apprendra plus aisément une norme cohérente. »<br />
Et toujours au plan général, comme Pey de Garros au XVI e s. avait profité des réflexions de<br />
son temps sur l’orthographe du français (R. Lafont, 1968, p. 407), la fréquentation depuis plusieurs