Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 189 Écriture du gascon<br />
du coulomb et que les symboles kcal, km, kg etc. remplacent judicieusement les qcal, qm, qg… qui<br />
mettaient nos langues d’oc en dehors du concert international, pourquoi le préfixe kilo- du nom<br />
complet de ces unités reste-t-il occitanisé en quilo ?<br />
Et il serait fastidieux de signaler les difficultés de lecture que l’on rencontrera pour bien des<br />
mots, en raison des défauts maintes fois signalés de la norme occitaniste; certains sont atténués par<br />
l’indication de la prononciation de quelques mots, mais cela n’est pas systématique : agòr [a'5%r]<br />
{automne}; càncer [-ser], canicular [-'lar], mais rien pour esquèr {gauche}; apòstol [a'p%stu :],<br />
capítol [ka'pitu :], mais rien pour discípol {disciple}…; ni pour le -n [n] d’augan {année}, nèn et<br />
nin {bébé} etc.; gran {grand} avec -n dental reste homographe de gran {grain} avec -n caduc, bien<br />
que l’occitan l’écrive grand et que les dérivés soient grandessa, grandor…; pourtant, le Mémento<br />
grammatical du <strong>Gascon</strong> de J.-P. Birabent et J. Salles-Loustau avait montré le chemin… Et butan<br />
{butane}, comment les auteurs entendent-ils qu’on le lise : [by'tan] ou [by'tã/ta7] ?<br />
Mérite néanmoins une mention spéciale la lacune de la norme pour noter [wi] : oi se lit très<br />
couramment [u"] (poirir {pourrir} [pu"'ri]), et coic ! {couic !} risque d’être lu [ku"k] au lieu de<br />
[kwik]; les auteurs l’ont donc écrit coïc !, mais le tréma marque la diérèse puisque « on écrira […]<br />
oï […] pour indiquer que la prononciation doit être [%'i] […] et non pas […] [%j] » (p. 31) (avec<br />
oubli de l’accent grave, car c’est òï qu’on aurait dû écrire). Donc désordre garanti, d’autant que<br />
coïncidir, coït se lisent normalement en diérèse… Et je n’en vois pas le remède, sauf à rétablir y<br />
comme glide, suivant la pratique gasconne depuis le Moyen âge : oy pour [u"], oi pour [wi] et oï<br />
pour [ui]; mais ce ne serait qu’un replâtrage de plus d’un système dépassé.<br />
Mais les auteurs ont réparé, et dans le bon sens, le désordre constaté dans le Civadot pour les<br />
produits de “fl-” latin (p. 216 ci-après) : ehlamar / eslamar (flamber), eslor / ehlor (fleur), esloronc<br />
/ ehloronc (furoncle), eslagèth / ehlagèth (fléau), etc.; mais l’ordre est tantôt ehl- / esl-, tantôt esl- /<br />
ehl-. Cela me parait préférable à l’unique graphie en esl- du dictionnaire de MM. Moreux et Puyau<br />
(p. 183 ci-dessus).<br />
Ce dernier point résulte peut-être de la prise en considération de mes critiques et suggestions<br />
dans le n° 20 de Ligam-DiGaM que j’avais adressé à Per noste en service de presse le 23 décembre<br />
2002. Il est en tout cas un autre point de convergence avec mes travaux : en optant systématiquement<br />
pour les formes en -eria au paragraphe « infirmeria et non infirmaria » des choix linguistiques,<br />
M. Grosclaude avait abouti aux mêmes conclusions que moi-même, en novembre 2002, sur le<br />
produit gascon du latin -aria; or « l’abondance des matières », m’en avait fait différer la publication<br />
jusqu’au n° 21 paru à la fin mai 2003, bien évidemment dans l’ignorance totale de ce que serait le<br />
Dictionnaire.<br />
Je ne suis pas sûr que la publication en Septembre 1996 du numéro spécial de Ligam-DiGaM<br />
intitulé Le gascon, langue à part entière et le béarnais âme du gascon (cf. p. 14) soit totalement<br />
étrangère à la relance par Per noste de son projet de dictionnaire ni à la condamnation par M. Grosclaude<br />
des linguistes qui, voulant améliorer la graphie classique du gascon, compromettraient son<br />
futur dictionnaire (éditorial de dans Per noste-Païs gascons n° 176 daté de 10/11-1996 et paru dans<br />
la seconde quinzaine de novembre). Pourtant, les convergences de nos vues, quand on fait abstraction<br />
de toute idéologie, montrent le profit que la langue aurait pu tirer d’une mise en commun de<br />
nos travaux; par mes publications, je l’ai toujours cherché; c’est dommage que cela ne soit pas allé<br />
plus loin. Mais là, pas plus qu’ailleurs, on ne refait pas l’Histoire.