Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 248 Écriture du gascon<br />
phie commune en -a- ne permettrait la lecture directe en [e] des futurs concernés. C’est aussi ce<br />
qu’a reconnu le principal responsable linguistique de l’I.E.O. J. Taupiac, dans un article en « gascon<br />
lomagnol » où il écrit lui-même parleratz le seul verbe en -ar qui y soit au futur :<br />
« Si vous croyez qu’il est plus facile d’écrire comme on parle et de lire exactement ce<br />
qu’on voit écrit, en respectant les particularités du gascon qui est un dialecte occitan bien<br />
différencié qu’il faut prendre comme il est, écrivez : canteràs (ou cantaràs), auèui (ou avèvi)<br />
selon ce que vous prononcez. » (avèvi o auèui ? cantaràs o canteràs ?, Q.L.O. n° 4, décembre<br />
1976, p. 17).<br />
C’est donc en violation des règles mêmes de L’application… que plusieurs grammairiens (A.<br />
Hourcade, p. 164 ci-dessus; Jean-Pierre Birabent et Jean Salles-Loustau, p. 168; André Bianchi et<br />
Alain Viaut, p. 171) ne prévoient que la graphie en -a-, avec au mieux une réalisation possible en<br />
[e] ou [œ] : c’est de la normalisation linguistique qui n’ose s’avouer et qui va a l’encontre de la pratique<br />
majoritaire de la langue.<br />
a pour noter /a/ ou / œ ! ø/ prétonique des suffixes -ador et -ader<br />
Pour les mots achevés par ces suffixes, Palay s’en était tenu à la notation du « a étymologique<br />
» (Avertissement, 6 ème alinéa et Préambule de la lettre E), mais seulement pour « éviter le double<br />
emploi » dans le dictionnaire, en les traitant d’ailleurs sur le même plan que les mots en -amén<br />
(voir Annexe XX). Mais le fait qu’il a continué à noter dans le cours du dictionnaire des mots en -<br />
edoù et -edé, comme d’autres en -emén, montre qu’il ne considérait pas ses graphies de base en<br />
-adoù, -adé et amén comme couvrant toutes les réalisations sur le domaine, mais simplement<br />
comme une convention lexicographique qui laissait chacun écrire -edoù et -edé ou -adoù et -adé<br />
d’une part, -emén, -omén ou rarement -amén d’autre part, selon sa prononciation.<br />
Pourtant, contrairement à ce que je préconise ci-dessus et ci-après, il me parait possible et<br />
donc souhaitable de maintenir l’unité graphique gasconne — et même d’oc — en gardant le a étymologique<br />
même s’il se réalise [e] ou [œ/ø], car en un même lieu, tout mot en -ador sera prononcé<br />
de la même façon, -[a'9u] ou -[ø'9u]/[œ'9u]/[e'9u], et de même, tout mot en -ader le sera en -[a'9e]<br />
ou -[ø'9e] /[œ'9e]/[e'9e]; on est en effet dans le cadre exact d’une graphie englobante.<br />
e pour noter /e ! œ / issu d’un a prétonique, dans tous les autres cas<br />
La question a été posée par J. Salles-Loustau dans sa critique de l’édition en graphie occitane<br />
de l’Anthologie populaire de l’Albret de l’abbé Dardy, (cf. p. 165). Après avoir admis la parfaite<br />
authenticité gasconne des formes en -e- comme reson, seson, fantesia, il estime qu’« on pouvait<br />
[…] orthographier a comme le veut la norme, à condition de signaler cette particularité de la prononciation<br />
dans l’Albret. » Pourtant, je ne connais pas d’autre source de norme classique du gascon<br />
selon l’I.E.O. que L’application… de 1952 et les principes de La réforme… de 1950 auxquels elle<br />
renvoie. Or selon le principe B, l’« orthographe sera en principe phonétique pour les mots de formation<br />
populaire », et les règles de détail n’envisagent pour le a que ses prononciations en finale. La<br />
règle invoquée par J. Salles-Loustau qui voudrait qu’on notât a un [e/œ] prétonique issu d’un a<br />
étymologique n’existe donc pas; mais il la créait en quelque sorte en écrivant « on pouvait donc orthographier…<br />
», ouvrant la porte à la confusion.<br />
Un de ses successeurs à la tête des Reclams devait donc afficher sans complexe la « norme »<br />
nouvelle; voici en effet comment il terminait le “mot deu Capredactor E. Gonzalès” en p. 4 du<br />
numéro spécial du centenaire de la revue paru à la fin de 1997, numéro qui reproduisait des textes