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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 327<br />

Écriture du gascon<br />

-atè, -àyr"; pusà (L., au sens restreint de prendre de l’eau dans ses chaussures), pusòc, -òt;<br />

putsà, -ade, -adoù,-re, -àyr", -è; plus, peut-être, empoudsacar (Lav.), “faire tomber dans la<br />

boue” (< pouts, forme du Lavedan, ALG III, 930), mais Palay y voit un dérivé de « pout, pâte,<br />

bouillie ».<br />

Nous remarquons d’emblée :<br />

– de nombreuses dérivations non-affriquées, certaines en [s] rendu par -ss-, beaucoup plus en<br />

[z] rendu par -s-; deux dérivent sans doute directement du latin, lusir (< lucere) et presar (<<br />

pretiare); pasible pourrait être une adaptation du français paisible dérivé de pais au XII e s.; les<br />

autres, crousèe, apasaubì, apasimà et pusà (et dérivés) représentent le mode de dérivation du<br />

languedocien, comme je l’ai rappelé p. 281; ces formes sont les seules pour les dérivés de prèts et<br />

vits, et en concurrence avec les suivantes pour les dérivés de crouts, luts, pats et puts;<br />

– les dérivés à formes affriquées se partagent en graphies-ts- (partout) et -ds- (partout, sauf<br />

pour bouts, couts, dèts, narits, nouts et pedits); ceux de crouts en ont même huit en -tz- et un en -dz-<br />

(entercroudzà présenté comme variante de -dsà).<br />

Il n’est guère concevable que ces graphies différentes expriment une égale dispersion des réalisations,<br />

d’autant plus que rares sont les localisations particulières de telle ou telle forme. La clé<br />

de l’affaire, nous l’avons sans doute dans un paragraphe d’A. Sarrail, 1980, p. 53 (cf. p. 156) :<br />

« Parfois, le s dur qui siffle à la fin de mots comme pats, bouts, puts s’adoucit en z<br />

dans les dérivés. On doit écrire :<br />

« apatsa, boutsine, putsa.<br />

« Mais Palay parfois hésite et nous trouvons avec un z, croudza et tous les mots de la<br />

même famille de crouts. »<br />

C’est à croire que Sarrail avait une édition particulière du Palay, puisqu’on n’y trouve aucun<br />

croudz… De plus, n’ayant pas nos moyens de recherche, il semblait limiter l’hésitation de Palay à la<br />

famille de crouts. Il nous apprend du moins que la graphie fébusienne conserve la terminaison ts<br />

quand s’y ajoute un suffixe, mais en change la valeur phonétique normale en un [z] affriqué, donc<br />

[+], alors que, selon le paragraphe précédent, pour écrire « s doux (rose) […] on emploie le z […]<br />

dans le mot, après une consonne. Ex. quatourze, quinze. ».<br />

Sans chercher davantage, nous devons donc considérer que les graphèmes affriqués intervocaliques<br />

de Palay valent normalement [+], et que les formes “hérétiques”tz, ds et dz condamnées<br />

par Sarrail ne sont qu’une tentative pour mieux l’exprimer que le ts “officiel”. C’est probablement<br />

ce que Palay a voulu dire en qualifiant croudsà de « graphie incorrecte de croutsà. ».<br />

Mais ces graphèmes n’ont-ils pas parfois une autre valeur ? J’en ai recherché toutes les occurrences<br />

à travers le Dictionnaire et j’en ai exposé les résultats dans Ligam-DiGaM n° 6 d’octobre<br />

1995, p. 40. Je n’en donne ici que la conclusion :<br />

Outre les dérivés de -ts, se prononcent en [+] la majorité des ts, tz, ds et dz intervocaliques du<br />

Palay, sauf une trentaine qui doivent se lire en [1] et une douzaine où l’hésitation demeure. Mais ce<br />

ne sont pas des mots de tous les jours… sinon, on ne se poserait pas la question !<br />

Sans doute est-ce aussi la raison pour laquelle l’ALG ne semble pas s’être beaucoup intéressé<br />

à ces mots; deux cartes au moins confirment quand même ces conclusions : sur les “marges”, en<br />

quelque sorte, la carte “fausset” (II, 502) a relevé [du'zi(&)] dans l’Entre-deux-Mers et [du'zi&] près<br />

de Toulouse, le mot étant essentiellement languedocien; mais ce [z] sonore laisse supposer une

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