Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 302 Écriture du gascon<br />
– pour l’article féminin pluriel isolé : devant consonne sourde, on entend [eras], [eres] ou [es]<br />
suivant les secteurs, et devant consonne sonore et l-, [eraz], [erez] ou [ez], sauf dans la zone est qui<br />
vocalise le -s en ["], [era"] (2451 à 2457); devant h-, [eras], [eres] ou [ez] suivant les lieux (2458); et<br />
devant voyelle, [eraz], [erez] ou [ez] (2459); si donc eras convient pour [eras], il faut noter eres et<br />
es ailleurs, ce es étant, nous l’avons vu, officiel en Aran.<br />
– pour les formes contractées, les cartes 2460 à 2482 ne changent rien à la réalisation de<br />
l’article proprement dit, de telle sorte que les graphies habituelles sont confirmées ou changées ou<br />
complétées dans les mêmes conditions que pour les formes isolées.<br />
En résumé, à la suite de Georges Ensergueix, je propose ceci (le formes maigres sont des variantes<br />
irréductibles, les formes soulignées sont celles où je m’écarte des habitudes actuelles, hors<br />
d’Aran, bien sûr) :<br />
Masculin Féminin<br />
singulier pluriel singulier pluriel<br />
eth, er’ + voy. es, eths era, er’ + voy. eras, eres, es<br />
deth, ath, peth, en des, as, pes, enes dera, ara, pera, enaderas, aras, peras, enas<br />
der’, ar’, per’, en + voy deths, aths, peths, ens der’, ar’, per’, en + voy deres, ares, peres, enes<br />
Le pronom “réduit” de la 5 ème pers. : v, ve ou vs, vse, selon la prononciation<br />
des, as, pes, enes<br />
L’application… est très laconique sur le sujet, à peine effleuré au paragraphe final sur<br />
l’enclise; son objet est de dire comment le pronom enclitique se relie au mot support, non de fixer<br />
les formes de ce pronom, pleines ou asyllabiques : c’est là une affaire de grammaire gasconne, non<br />
d’un recueil de normes orthographiques de 8 pages demi-format. Aussi ne trouve-t-on qu’un exemple<br />
de ns, devant voyelle (que’ns espera [sic, sans accent grave]; {il nous attend}), et un de vs, devant<br />
consonne (ne’vs vei pas {il ne vous voit pas}); la “norme” ne dit donc rien de vs ou v devant<br />
voyelle, ni de la forme revocalisée ve; on reste donc logiquement dans l’application du principe général<br />
B de l’écriture phonétique des mots de formation populaire.<br />
On a vu p. 166 que la graphie que vs’apena {vous chagrine} au lieu d’un habituel que<br />
v’apena avait été approuvée par J. Salles-Loustau, qui en avait profité pour proposer de généraliser<br />
ce vs, par symétrie avec ns de la 4 ème personne.<br />
Or que vs’apena était localement justifié par [ketsa'peno] supposé sous le qu’étz apéno original<br />
de l’Anthologie populaire de l’Albret, prononciation attestée là par l’ALG VI, 2239; mais cette<br />
même carte montre que la prononciation est par [b] ou [p], sans la moindre trace de [s] ou de [z], en<br />
Béarn, Bigorre, dans le sud des Landes et le Bas-Adour, là où la 4 ème personne se réduit à [s] (sauf<br />
montagne béarnaise [ns] et bigourdane [nze]); donc que v’apena rend bien ces prononciations majoritaires.<br />
Ce n’est que dans une petite zone sur les confins des Landes, du Gers et du Lot-et-Garonne<br />
qu’apparait une prononciation de la 5 ème personne en [dze], justiciable d’une graphie vse. Et de<br />
même, la carte 2240 montre que la revocalisation en position postverbale se fait en [be/bø] ou<br />
[pe/pø], sans nulle part aucune trace de [s] ou de [z].<br />
L’« usage » auquel que vs’apena dérogeait judicieusement pour l’Albret répond donc à un besoin<br />
de la zone sud que devait avoir en vue R. Darrigrand, quand il a amorcé l’introduction de la<br />
graphie classique en Béarn; il donne d’ailleurs deux versions de la norme dans les éditions 1974 de