Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 295 Écriture du gascon<br />
comme casi-, no-, pseudò-, sos-, suber- ou super-, iper-, ex- (= précédemment), vice-… : casiunanimitat,<br />
no-violéncia, pseudò-mèdye / …-mèdge, ex-molhèr, vice-ministre.<br />
Mais les mots lexicalisés obéissent à la règle générale : non seulement ceux formés avec les<br />
préfixes ci-dessus (nodigas, pseudonime, soslòctenent, sosprefèt, sostiéner, suberhòs, supermercat…),<br />
mais encore tous ceux dont les composants ont perdu toute référence à leur sens propre, adverbes<br />
et prépositions notamment : detira, decap, darenlà (cf. en français dorénavant), comparables<br />
à davant, darrèr.<br />
2de série d’exceptions, pour des raisons liées au système d’écriture et de lecture<br />
Lorsque la fusion des éléments en un seul mot modifierait la prononciation des lettres finales<br />
ou initiales devenues intérieures, ou imposerait une modification orthographique non souhaitée, la<br />
bonne prononciation sans analyses complexes appelle l’écriture séparée des composants, qui seront<br />
lus comme des mots indépendants. C’est le cas de:<br />
– a final et posttonique d’un premier élément; ala-bat [alœ/o'!at] et non alabat qu’on sera<br />
tenté de lire [ala'!at] comme acabat [aka'!at]; préférant suivre Séguy (cf. p. 151), je m’écarte sur ce<br />
point de la ligne générale occitaniste, d’Alibert aux choix précités de M. Grosclaude, que j’avais<br />
suivie dans le Lespy; je m’en explique au paragraphe suivant;<br />
– i ou u initiaux d’un second élément si l’élément qui précède s’achève par une voyelle, pour<br />
maintenir la prononciation en deux syllabes : anti-imperialista et prò-imperialista, intra-uterin, etc.<br />
Toutefois, avec les préfixes co-, pre- et re-, on a recours au tréma : preïstorian.<br />
– b, g, d finals : sud-oèst [sy'tw!s] et non sudoèst [su'dw!s];<br />
– c final devant e ou i : pic-escorcèr [pikeskur's!] et non picescorcèr [piseskur's!];<br />
– nd, nt, rd, rt, rn finals : grand-pair [gran'pa"] et non grandpair [grant'pa"]; avant-yer / avantger<br />
[a!an'je] distinct de avantyer / avantger [a!ant'je] (cf. ALG III, 823); Sent-Avit 37 , Sent-Goenh;<br />
nòrd-oèst [nor'w!s] et non nòrdoèst [nord'w!s]; horn-cauciar [hurka*'sia] et non horncauciar<br />
[hurnca*'sia]; mais tardarriba prononcé effectivement [tarda'rri!o];<br />
– r final : yer-passat [jepa'sat] et non yerpassat [jerpa'sat]; mais arrèhilh, arrèpèd, le -r final<br />
de arrèr n’étant plus noté; et aussi paibon, pendant d’arrèhilh;<br />
– r initial : iberò-romanic [i!er%rruma'nik] et non iberòromanic [iber%ruma'nik];<br />
– s initial : vira-sou ['!iro'su] et non virasou [!ira'zu];<br />
– il en est de même pour -th provenant d’un -ll latin devenu final; il ne peut donc être luimême<br />
que final : còth-arroi; bèth-lèu; mais l’adaptation phonétique et graphique donne ballèu.<br />
arrèhilh et ce dernier exemple ballèu montrent que cela ne fait pas obstacle aux adaptations<br />
graphiques qui pourront à terme aboutir à la fusion en un seul mot.<br />
Le a posttonique au sein d’un mot composé<br />
Très généralement, la première partie d’un mot composé est traitée phonétiquement comme<br />
un mot indépendant; si elle s’achève par un -a étymologique celui-ci sera prononcé comme tout autre<br />
a posttonique; il y a, bien sûr des exceptions, mais on peut y voir sans doute la rémanence d’une<br />
prononciation ancienne, dont l’évolution a été bloquée par la perte de vue de la composition et donc<br />
de l’autonomie de la première partie.<br />
37 La Grammaire de Lespy (n° 124) nous rappelle que le -t de Sent s’entend devant voyelle, par exception à la règle gé-<br />
nérale d’amuïssement en finale -nt.