Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 131 Écriture du gascon<br />
d’“exemples” aura du mal à comprendre pourquoi examen est savant et eissemple, non…<br />
Mais au niveau de la réflexion pragmatique, ce compromis souhaité par J. Anglade aurait sans<br />
doute mérité un meilleur sort.<br />
III – Bernard Sarrieu et l’Escolo deras Pirenéos<br />
C’est dans Era bouts dera mountanho, revue de l’Escolo deras Pirenéos (cf. p. 77), qu’on<br />
trouve l’essentiel de l’œuvre publiée du <strong>Gascon</strong> commingeois Bernard Sarrieu. Pour le reste, cet<br />
infatigable travailleur a laissé des kilos de papiers inachevés d’où les époux Ponsolle ont tiré en<br />
1977 un gros ouvrage apologétique, Bernard Sarrieu, Morceaux choisis.<br />
Comme Palay, Sarrieu fut d’abord séduit par les idées de Perbosc, ancien élève de son père à<br />
l’École normale de Montauban; mais il entendait que l’on prononçât r les r, o les o et a les a (Terro<br />
d’Oc, Mai 1905, p. 65). Il va longuement exposer sa pensée sur la graphie dans un article écrit en<br />
1921, La graphie de la Langue d’Oc et la langue commune d’Occitanie, mais qui ne sera publié<br />
que trois ans plus tard (La Revue méridionale, VI, 1, 15 mai 1924, pp. 46-60).<br />
Il présente d’abord les trois tendances qui partagent le Félibrige, la localiste qui cultive le parler<br />
d’un petit pays, la dialectaliste, qui cultive un dialecte relativement unifié à travers une grande<br />
région d’Occitanie et l’unificatrice qui compte arriver à une « langue commune, du moins une<br />
langue littéraire commune, telle que fut celle des Troubadours », soit par extension du provençal<br />
mistralien à toute l’Occitanie, soit, comme le conçoivent « ceux qui dirigent à Toulouse l’Escòla<br />
Occitana » , une langue d’oc commune qui règnerait « sur tout le territoire occitanien, de Nice à<br />
Bayonne et de Limoges à Valence et aux Baléares. » C’est pour Sarrieu « un premier fait<br />
essentiel », auquel s’ajoute un autre « également positif » : il trouve donc positif ce qui vient d’être<br />
dit; mais quoi ? la division en trois tendances ou l’espoir d’une langue commune s’étendant jusqu’à<br />
Valence ?<br />
En tout cas, le second fait positif est que tous les parlers vivants sont cultivés et que nul ne<br />
songe à les faire disparaitre, la langue commune devant s’édifier à partir d’eux. Et de préciser :<br />
« Si un parler local (ainsi en a-t-il été du gascon de Bordeaux, — dont les faubourgs<br />
il est vrai ont été regasconisés…) vient à disparaître, c’est le lien d’attache qui disparaît<br />
entre ce point et le reste de l’Occitanie. Si les parlers locaux se ruinaient, ce seraient les<br />
bases de notre édifice qui s’écrouleraient (Voy. La terro d’Oc, Mai 1905, p. 65-71). »<br />
Et de la coexistence, en fait et en droit, de « parlers locaux, dialectes littéraires et langue<br />
commune », tous écrits, Sarrieu conclut que l’idéal est l’adoption d’« UN SYSTÈME UNIQUE DE<br />
NOTATION, qui aille bien pour toutes ces formes de notre langue, qui puisse les noter toutes d’une<br />
manière suffisamment exacte. » Il ne s’agit pas pourtant d’écrire un même “mot” de façon<br />
identique, quelles que soient ses réalisations phonétiques; mais bien de noter toutes ces réalisations<br />
par un même code oral-écrit, de telle façon que le code inverse écrit-oral permettra de restituer la<br />
parole vivante en chaque lieu, parce que chaque lecteur « retrouvera chez tous les mêmes signes,<br />
avec à peu près exactement la même valeur ». Donc pour un même “mot”, pas de graphie<br />
“englobante” se lisant différemment selon les lieux, mais autant de graphies particulières que de<br />
réalisations, chacune se lisant partout suivant le même code.<br />
Or ce système existe, c’est celui que les Félibres provençaux ont mis au point pour noter leur<br />
provençal, et qui « pouvait servir de modèle analogique à la notation de tout autre parler ou dialecte<br />
par des Félibres conscients. » C’est d’ailleurs ce qui s’est passé « avec quelques flottements, par