Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon
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Jean <strong>Lafitte</strong> 155 Écriture du gascon<br />
• le pluriel féminin en -[es] de la montagne est parfois noté -es, comme en aranais officiel :<br />
montanhes, cabanes (R.I, 121); mais aussi en -as; il est vrai que la transcription phonétique de 1960<br />
note soit -[&s], soit -[! ! ! ! ! !a6s], soit même -[os]; p. ex. R.I, 89-91et notation phonétique p. 72-73 : alluras<br />
[alur,os]; sinse hemnas [s,'nsé ,énne &s ,énnas]; çabatetas [sabatét&s]…<br />
• [po*] “la peur” noté normalement pòur (1112) contre paur chez Alibert qui par souci<br />
d’étymologie fait de ce mot le seul où au se lit [o*].<br />
• caddèth “dernier-né” (1272) est conforme à la prononciation largement majoritaire, surtout<br />
si l’on y ajoute l’acception “cadet” traitée à la carte 1478. C’est mieux que le cabdèt du Civadot (cf.<br />
p. 159) ou, à 80 km, le capdèt d’Atau que’s ditz (cf. p. 175), ou encore le capdèth de Narioo et<br />
autres (cf. p. 185). Cependant, la finale en -èth basée sur l’étymon “-ellu” suppose un féminin en<br />
-èra, non attesté semble-t-il : caddèta répond à caddèt; mais Palay donne le diminutif Cadderoû.<br />
• pruts {démange (le dos me)} (1247), 3 ème personne du présent de l’indicatif de prusir, aurait<br />
dû être noté prutz selon Alibert (Gramatica, p. 180); de même, puts {rectum} (1188) venu de<br />
‘puteus’ — à l’origine, cloaque aussi bien que puits —, est putz chez Alibert.<br />
• signalons enfin diverses graphies de Ravier (et Séguy dans R.I) qui vont dans le sens du<br />
rapprochement avec la langue parlée et évitent les erreurs de lecture : taben (R.I, 29, 153; II, 135) et<br />
tapòc{non plus} (R.I, 91); tems (R.I, 121, 123, 165), printems (R.I, 123), lontems (R.II, 123); par<br />
contre tostems (R.II, 119) comporte un -s étonnant, car disparu depuis longtemps selon Coromines<br />
(p. 119); sinnar, sannar (R.I, 23, 24 etc.);… Et si Séguy écrit tanpòc (1552), Allières donne trois<br />
fois tapòc dans des exemples (V-2, 6).<br />
Globalement, donc une graphie classique appliquée sans œillères, et adapté en plus d’un cas à<br />
la phonétique réelle de la langue vivante, par des universitaires qui comptent parmi les meilleurs<br />
connaisseurs de la langue gasconne.<br />
18 – La graphie de l’Escole Gastoû Febus vue par André Sarrail (1968)<br />
Un ouvrage pédagogique<br />
La place prise rapidement par les partisans de la graphie classique occitane dans l’enseignement,<br />
dans la “nouvelle chanson occitane”, puis dans la presse toujours friande de nouveauté,<br />
devait susciter pas mal d’amertume dans l’arrière-garde félibréenne qui se sentait un peu dépassée.<br />
Cela conduisit le majoral André Sarrail (1896-1981) à exposer à nouveau les règles de<br />
l’E.G.F. dans une série d’articles en béarnais publiés par les Reclams en 1967 (n° 3/4 et 9/10) et<br />
1968 (n° 5/6 et 7/8); le tout fut réuni en une plaquette à la fin de 1968. Puis une seconde édition,<br />
enrichie d’une traduction française en vis-à-vis, fut publiée en 1980 sous un double titre : Comment<br />
écrire le gascon-béarnais moderne - La grafie de l’Escole Gastoû Febus oey lou die; c’est celle que<br />
je cite ici. Secrétaire adjoint de l’E.G.F., A. Sarrail était particulièrement bien placé pour cela, car il<br />
mettait au point la copie et relisait les épreuves des Reclams depuis plusieurs années.<br />
La brochure commence par un historique de la graphie du béarnais (pp. 8-23) qui m’a servi de<br />
canevas pour mon propre exposé et dont j’ai déjà eu l’occasion de citer quelques passages. Mais<br />
malgré le champ d’action de l’E.G.F., l’auteur ne dit rien du gascon hors du Béarn.