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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 47 Sociolinguistique du gascon<br />

mentionné pourtant comme revue de « Per noste, section départementale de l’<strong>Institut</strong> d’études<br />

occitanes ».<br />

Le comble est atteint, semble-t-il, sur le nom de Sèrgi Javaloyès que Guilhem Joanjòrdi<br />

présente comme auteur ayant choisi « la langue occitane » (p. 11) et qui ferraille volontiers contre<br />

la pluralité des langues d’oc; or pour J.-F. Sibers, p. 7, c’est comme « écrivain et éditeur gascon »<br />

qu’il a été proposé par le préfet au Conseil économique et social d’Aquitaine pour y représenter « à<br />

la fois le gascon, le basque et les langues du Maghreb », ce qui met le gascon au même rang<br />

linguistique que le basque et les langues du Maghreb où cet auteur naquit en 1951 d’une famille<br />

catalano-espagnole (La République des Pyrénées, 22/23 mai 2004); à la même page 7, c’est en<br />

louant « l’intelligence toute gasconne » de Guy Latry qu’il achève lui-même la présentation de cet<br />

universitaire; et Lo viatge de l’auca {Le voyage de l’oie} dont il est l’auteur est une « pièce de<br />

théâtre en français et en gascon » (p. 22).<br />

À la vérité, cependant, dans la mesure où ce dossier de Lettres d’Aquitaine s’adresse au<br />

microcosme intéressé par les langues d’oc écrites, la confusion n’est peut-être pas trop grave. Mais<br />

quand, p. 18, une journaliste voit dans le Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes de Simin<br />

Palay « la bible de l’occitan » et renvoie ainsi aux oubliettes le Trésor du Félibrige de Mistral, on<br />

peut imaginer les dégâts qu’un tel désordre peut produire dans le grand public.<br />

Ce désordre choque même des occitanistes lucides comme le président de la section de<br />

Dordogne de l’I.E.O., Michel Chadeuil; présentant une Gramatica occitana de J. Taupiac et un<br />

manuel d’enseignement Passapòrt tà l’occitan de Jan Bonnemason, il observe : « Quand le <strong>Gascon</strong><br />

Taupiac dit “occitan”, il faut entendre “languedocien”. Quand le <strong>Gascon</strong> Bonnemason dit “occitan”,<br />

il faut entendre “gascon” » (Paraulas de Novelum, n° 70, hiver 1995-6, p. 7).<br />

Au demeurant, les dirigeants des associations occitanistes de Gascogne et de Béarn doivent<br />

être conscients de la méfiance, sinon du rejet, populaire face à ce qui s’étiquette comme “occitan”.<br />

Aussi ces associations n’affichent guère leur couleur : si Per nouste, puis Per noste marquait sa une<br />

de couverture par un gros I.E.O. de 1967 à 1972, l’affiliation à l’<strong>Institut</strong> d’études occitanes s’y est<br />

faite de plus en plus discrète, alors que son titre s’est doublé d’un gros Païs gascons à partir de<br />

1979; s’y ajoute en Béarn La Civada; en Bas-Adour, c’est Aci <strong>Gascon</strong>ha; en Bigorre, Nosautes de<br />

Bigòrra; la maison occitane fournie par la ville de Pau est l’Ostau bearnés et la radio occitaniste est<br />

Radio País, sans plus. De même, ces associations annoncent bien souvent leurs activités ouvertes<br />

au public en mettant en avant béarnais, et même « langue béarnaise » ou gascon. On en trouvera<br />

des exemples en Annexe VI.<br />

Le résultat est facile à imaginer : c’est une grande confusion dans les esprits peu préparés aux<br />

subtilités linguistiques et administratives. Et plus encore, le fait que « occitan, Occitanie » ne disent<br />

rien à la grande majorité des gens de Béarn et de Gascogne, comme on le verra bientôt.<br />

Mais enfermés dans leurs certitudes, d’autres dirigeants occitanistes gascons n’ont pas su ou<br />

voulu le voir. C’est tout particulièrement le cas de M. Grosclaude qui avait cru voir dans le titre du<br />

célèbre ouvrage historique d’Emmanuel Leroy-Ladurie, Montaillou, village occitan, la réussite de<br />

ces mots (PN. n° 54, 7-8/1976, p. 8) :<br />

« J’ai entendu critiquer le caractère publicitaire du titre : “village occitan”. Et il faut<br />

reconnaître que le titre est “psychologiquement” bien choisi. Si l’auteur (ou l’éditeur) avait<br />

intitulé l’ouvrage “Montaillou, village pyrénéen” ou “village ariégeois”, gageons que le<br />

livre ne se serait pas vendu comme il s’est vendu… et de loin ! Les mots “occitan”,

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