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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 144 Écriture du gascon<br />

– au chapitre de l’épuration de la langue, p. 7, la tolérance de formes locales traditionnelles<br />

inclut dans ses exemples, en variante de la forme normale occitane comba, le forme coma qui est<br />

exclusivement gasconne (et catalane, mais le catalan n’est pas en jeu ici) si nous nous en rapportons<br />

au Trésor du Félibrige de Mistral.<br />

Un second texte pour le gascon (1952)<br />

Pourtant, à peu près au même moment, Alibert achevait, sinon la rédaction, au moins la<br />

définition du contenu d’un autre texte propre au gascon; approuvé quelques mois plus tard, le 15<br />

juillet 1951, par le Conseil d’Études de l’I.E.O. réuni à Marseille (p. 1) ce second texte fut publié en<br />

1952 en un fascicule de 8 pages ronéotypées de même format 13,5 x 21, lui aussi « document de<br />

l’I.E.O. » : L’application de la Réforme linguistique occitane au <strong>Gascon</strong>.<br />

En raison de son importance capitale pour la graphie classique du gascon selon l’I.E.O. et du<br />

fait que cette association ne l’a jamais réédité, ni pour autant abrogé et remplacé, j’en donne la<br />

reproduction intégrale en Annexe XIII. Je le citerai par la suite comme « L’application… ».<br />

Mais pourquoi donc Alibert a-t-il changé d’idée et produit ce texte spécial pour le gascon ?<br />

Une raison théorique serait la conception qu’il avait de la Langue d’oc, non pas langue au<br />

sens courant, mais ensemble linguistique qu’il nommait occitano-roman, entre le gallo-roman de<br />

France et l’ibéro-roman de la Péninsule ibérique. Et cet ensemble se divisait en trois langues, toutes<br />

subdivisées en dialectes, l’occitan, le catalan et le gascon (cf. p. 14).<br />

Pourtant, je pense que c’est finalement une raison pratique qui a décidé Alibert : visant à<br />

terme l’épuration de la langue qu’il appelait « littéraire », il dut en effet se rendre compte très vite<br />

qu’à moins de châtrer le gascon de tous ses attributs spécifiques, il serait obligé d’admettre une<br />

quantité considérable de dérogations aux interdictions qu’il édictait pour le “bon” occitan; ou alors,<br />

en ne mentionnant pas le gascon comme seul bénéficiaire de ces dérogations, il autoriserait en<br />

occitan une mosaïque de variantes supposée inacceptable.<br />

En voici deux exemples :<br />

– la suite latine act aboutit en occitan à ach ou ait ou encore èit; par exemple, factu > fach /<br />

fait ou fèit; Alibert écarte de l’écrit la dernière forme (p. 7), qui représente une évolution commune<br />

au catalan et au gascon; or elle est dominante en languedocien au sud de la ligne Toulouse-<br />

Narbonne, dans cette zone pyrénéenne que le Pr. Bec inclut dans son « complexus aquitanopyrénéen<br />

» (1963, p. 38), fortement influencé par le gascon, ou qui a subi les mêmes influences<br />

que le latin devenu gascon; de même, l’Occitan de Toulouse est condamné à écrire ai (j’ai) ce qu’il<br />

prononce [!"], tandis que son voisin gascon d’Auch écrit èi ce qu’il prononce de même;<br />

– de la même façon, Alibert n’autorise que caissa et rejette caicha (toujours p. 7) pour noter<br />

ce qui se prononce ['ka"#o] ou ['ka#o] dans la même zone aquitano-pyrénéenne, alors que le gascon,<br />

qui a les mêmes prononciations, est seul autorisé à noter le son /#/ par le digramme sh (caisha) et<br />

que le catalan écrit caixa, toujours pour la même prononciation consonantique !<br />

En bref, le gascon dans l’occitan, c’est le loup dans la bergerie des formes bien alignées, bien<br />

standardisées. Mieux vaut le laisser dehors !

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