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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 43 Sociolinguistique du gascon<br />

La même année, un article sur le protestantisme en Béarn (Grosclaude, 1995) lui donne<br />

l’occasion d’en désigner cinq fois la langue comme « occitan », 9 fois comme « biarnés » ou<br />

« bearnés » et 2 fois comme « lenga biarnesa ».<br />

Néanmoins, persistant dans son idée, « dans les livres qu’il fit ensuite, le mot occitan était<br />

toujours en avant » (Narioo, 2002, p. 5); par exemple, en 1981 L’esquira, vocabulari basic illustrat,<br />

version occitana de <strong>Gascon</strong>ha; en 1986, malgré l’ambiguïté du double titre (cf. Annexe V et p. 26),<br />

La langue béarnaise et son histoire - Étude sur l’évolution de l’occitan du Béarn; en 1998, le Répertoire<br />

des conjugaisons occitanes de Gascogne; et en 2000, 70 clés pour la formation de l’occitan<br />

de Gascogne qui démarque Du <strong>Gascon</strong> au Latin de J. Bouzet et Th. Lalanne de 1935 (cf. p. 76).<br />

La schizophrénie de l’occitanisme gascon<br />

Le libellé de ces titres nous interroge : « Du passé faisons table rase » ou « Gardons notre<br />

patrimoine » ? Car les deux derniers ouvrages titrés en « occitan de Gascogne » sont présentés, en<br />

page 4 de couverture, par deux textes qui ne parlent plus que de gascon : « Est-il possible de<br />

maîtriser parfaitement les conjugaisons des verbes gascons… », « Par quelles transformations le<br />

latin […] est-il devenu le gascon… ». Cette contradiction est plus qu’apparente : elle reflète la<br />

déchirure des occitanistes gascons entre leur adhésion à l’occitanisme, qui voudrait mener à un<br />

« occitan standard », unique pour toute l’« Occitanie », et leur attachement profond à la langue<br />

gasconne dans toute son authenticité. C’est ce qui fit écrire de Per Noste :<br />

« Bien qu’issue 5 de l’I.E.O., elle ne prône pas un occitan de référence. Dans la<br />

mesure où elle ne vise pas une unification linguistique, elle n’est pas occitaniste de stricte<br />

obédience. » (P. Boschung et M. Frick in A. Kristol et J. Wüest, 1985, p. 148).<br />

Ainsi, M. Grosclaude a toujours été un farouche défenseur de la pluralité linguistique :<br />

« Il voyait l’Occitanie telle qu’elle est, une et diverse. Il se méfiait des linguistes<br />

occitanistes dits “incontournables”, imbus de culture jacobine française, qui voulaient nous<br />

imposer la langue occitane une et indivisible » (Narioo, 2002, p. 5).<br />

Mais pour rassurer les <strong>Béarnais</strong> et <strong>Gascon</strong>s qui s’en inquiétaient, il avait préféré nier la réalité<br />

du danger :<br />

« Faut-il […] ériger ce Languedocien central en dialecte privilégié qui progressivement<br />

supplanterait les autres dialectes et viser une langue occitane unifiée et uniformisée ?<br />

Je ne pense pas qu’il existe beaucoup de gens dans le mouvement occitaniste pour soutenir<br />

ce point de vue. » (E se disèvam : “pro !” {Et si nous disions : “assez !”}, P.N. n° 72, 5-<br />

6/1979, p. 5).<br />

Cependant, c’est sans doute par réaction à la tendance occitaniste à faire disparaitre les<br />

dialectes d’oc périphériques qu’a été choisi le titre du Petit dictionnaire français-occitan (Béarn)<br />

ou Civadot (cf. p. 159); en effet, les deux associations éditrices, La Civada et Per Noste, signaient,<br />

en pp. 9 et 10, une « Présentation du dictionnaire » dont le second alinéa justifie ainsi le titre : c’est<br />

une double affirmation « que le Béarn fait partie de l’ensemble occitan (langue d’oc) » et « que<br />

l’appellation d’occitan ne doit pas être réservée aux seuls parlers des régions languedociennes ».<br />

Mais les éditeurs ajoutent : « l’occitan du Béarn est un occitan à part entière et non pas une variante<br />

plus ou moins marginale »; or deux lignes avant, les mots « ensemble occitan (la langue d’oc) »,<br />

rappelaient l’égalité bien connue « occitan = langue d’oc »; donc si l’« occitan du Béarn », ou<br />

béarnais, « est un occitan à part entière », c’est une langue d’oc parmi plusieurs autres : si les mots<br />

ont un sens, c’est reconnaitre la pertinence du pluriel « les langues d’oc », tout comme le suppose<br />

5 Il serait plus exact de dire « se réclamant », car elle est juridiquement indépendante.

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