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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 153 Écriture du gascon<br />

– rocegar {trainer} (1351) contre rossegar d’Alibert (v° ròsse ~ rossèc, filet trainant, herse);<br />

ici, on est dans le flou : Coromines opte pour arrossegà qu’il rapproche du catalan rossegar;<br />

Mistral, lui, ouvre deux pistes : implicitement celle de ross “cheval” en allemand, avec le premier<br />

sens de « traîner, tirer avec des chevaux »; et explicitement celle de rosse tant par la mention<br />

« R[acine]. rosse » que par l’acception « herser un champ », rosse, {…} rossoul signifiant « traîne,<br />

cylindre ou herse de labour ». Or ce dernier supposé venir de ‘rotulus’ impliquerait une variante du<br />

genre *‘rotiulus’, d’où le c de rocegar. Mais le doute est levé par Bethmale qui dit {arru4e'5a}, ce<br />

qui justifie le rocegar de Séguy.<br />

– meuça {rate} (1402) contre mèlsa d’Alibert et melsa du catalan; l’étymologie est très<br />

incertaine pour Coromines (v° mèussa), mais ici encore Bethmale lève le doute avec {'me*4o},<br />

justifiant encore le choix de Séguy.<br />

• notation du -d étymologique de pèd : Mistral écrivait pèd; peut-être pour s’en distinguer à<br />

tout prix, Alibert écrit pè < ‘pede’ alors qu’un de ses principes est de « toujours » rétablir à l’écrit<br />

les consonnes finales amuïes ou altérées. Plus logique, Séguy note pèd-ranquet (1276), pèd dou<br />

hoec (1292) et pèd-descauç (1466). Ravier, de même (R.I. 22, 26, 59, 166…; R.II, 129).<br />

• notation du /z/ intervocalique issu de -c-, -qu- ou -d- étymologiques : Séguy en reste au -s-<br />

de L’application… et de l’Escole Gastoû Febus : arrevasut (1154), entrausit (1455). Mais dans le<br />

volume V, Jacques Allières a conservé le z des usages anciens « pour rappeler par l’étymologie le<br />

principe de classement des radicaux (cóser, de CONSUERE, opposé à còzer, de *COCERE, class.<br />

COQUERE, etc.) » (V-2, V) : substitué à -c- ou -qu- dans dízer, còzer…; et substitué à -d- dans les<br />

variantes crézer, vàzer…<br />

Accents graphiques<br />

• L’application… ne connait que l’accent aigu pour la lettre i; Séguy lui préfère systématiquement<br />

l’accent grave, comme à l’Escole Gastoû Fèbus : plegadìs (1129), andìs (1359), landìs<br />

(1359), volerì (2006, 2 occurrences dans des exemples), aquì (2281). Mais Allières suit<br />

L’application… : volí, aurí volut que vengosses (V-2, 49), que sabí que vengora (1616), escríver<br />

(1793), víver (1836), dízer (1875).<br />

• comme Mistral, l’Escole Gastoû Febus, et le français, Séguy écrit à la préposition a<br />

d’Alibert : à camaletas, à pelharòt, à caravetas, à cavath (1282), à cavalèir (1283) et à pòt (1513);<br />

ici encore, on peut se demander si le rejet occitaniste de l’accent diacritique ne se fonde pas<br />

essentiellement sur la volonté de se démarquer du Félibrige et du français. C’est en tout cas<br />

contradictoire avec la règle de L’application… qui veut « tà (pour entà) à côté du possessif ta »<br />

(p. 7). Mais Ravier écrit ta (R.II, 125, 127, 130), ce qui d’ailleurs ne peut prêter à confusion, et<br />

convient au contraire à une préposition, nécessairement proclitique et atone…<br />

• Allières, lui, marque de l’accent le déictique de lieu çà : çà-vietz {venez ici} (V-2, 270).<br />

Enclise des pronoms<br />

L’application… consacre son dernier paragraphe à l’enclise des pronoms, sans pour autant les<br />

citer expressément :<br />

« Si le mot enclitique conserve sa forme pleine, on le sépare du mot sur lequel il<br />

s’appuie par un trait d’union : acabatz-lo, muchatz-lo-me, minjant-lo-se.<br />

« Si le mot enclitique perd sa voyelle ou se contracte, on le sépare du mot d’appui<br />

par une apostrophe : que’m pren, ne’t manca, que’ns espera, ne’vs vei pas, se’us ditz.

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