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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 119 Écriture du gascon<br />

La notation des voyelles et diphtongues<br />

Pour le système vocalique, Lespy s’en est tenu au système ancien, sans y apporter beaucoup<br />

de modifications. La seule importante concerne le son /u/, qu’il vienne d’un o (senhou) ou d’un u<br />

étymologiques (sourd); comme beaucoup, Lespy estimait que les mots écrits aujourd’hui countrari,<br />

louga, nou, persoune se sont toujours prononcés par [u] alors qu’ils s’écrivaient contrari, loga, no,<br />

persone selon l’étymologie; mais tout en désapprouvant ce ou, pourtant fort ancien aussi, il s’est vu<br />

obligé de l’adopter : « Il serait bien difficile aujourd’hui de faire revenir, pour les mots béarnais<br />

dans lesquels o se prononçait ou, à l’écriture des anciens. On s’en tiendra pour eux à celle que les<br />

modernes ont adoptée. » (n° 49 et 50). Et il utilisa fidèlement les groupes oe/oè et oa pour noter en<br />

toutes circonstances les sons /we/ ou /w!] et /wa/.<br />

Mais Lespy a conservé deux faiblesses majeures de ce système :<br />

– d’abord, l’extrême complexité du redoublement des voyelles : il n’est même pas<br />

systématique en finale accentuée, exclut les infinitifs, varie suivant les lettres amuïes, et même<br />

comprend des exceptions pour une même lettre, et pire encore affecte des mots sans consonne<br />

amuïe comme caar, caas, abuus, fruut, juu… Dès lors, à l’écrit, en dehors des infinitifs et des mots<br />

en -ou, ce n’est qu’en apprenant des listes de mots qu’on saura si la voyelle finale est doublée ou<br />

non; et à l’oral, il faudra se souvenir de l’étymon pour savoir s’il faut nasaliser la voyelle un peu ou<br />

pas du tout, selon que le redoublement correspond à un -n ou à un -r ou -d disparus.<br />

– et seconde faiblesse à laquelle faisait allusion M. Grosclaude quand il donnait raison à<br />

Salette « contre la tradition antérieure… (et postérieure). », l’ambigüité du -e final : il se lit soit [e]<br />

atone (le fameux « e doucement fermé de Lespy »), soit [%, œ ou a], sans autre guide qu’une règle<br />

complexe néanmoins suivie d’une liste d’exceptions (Gr. n° 26-27).<br />

La notation des consonnes<br />

Le système consonantique présente moins de difficultés; notons à l’actif de Lespy une nette<br />

préférence pour les groupes -dge ou -dye, -dja ou -dya etc., comme la prononciation le suggère et le<br />

pratiquaient majoritairement les anciens. Indépendamment des erreurs ou incohérences qu’on peut<br />

déceler dans le Dic. par rapport aux intentions affichées dans la Grammaire (notamment nh/gn,<br />

x/ch), je considère comme les difficultés les plus grandes :<br />

– les notations ambigües dont la lecture suppose l’apprentissage de listes d’exceptions :<br />

surtout, l’h muet; mais aussi, gn valant /'/, en concurrence avec nh, et /gn/ ou /nn/; et, à un moindre<br />

degré, -st lu -[s]; -d muet dans quelques mots;<br />

– les exceptions mal fondées : mots en lh lu [l] (malhurous); mots à -r final muet;<br />

– le polyporphisme de j et y devant a, o, u et de y, j et g devant e et i; les hésitations entre ix et<br />

x pour /#/; entre ceux-ci et ch; entre tz et dz à l’intérieur des mots; entre les pluriels en cx et cxs; et<br />

celles qu’induit l’absence de ç (sauce, saucè et saussa, saussade);<br />

– l’absence de graphie englobante pour les produits de -‘ll’ latin (bèt, bètch, bèyt, bèytch);<br />

– les complications inutiles : outre l’h muet, le g de vingt et digt, ph et ff pour f simple; et les<br />

pluriels en -z et encore plus en -cx/cxs.<br />

Réception et devenir de la graphie de Lespy<br />

Ainsi, paradoxalement, face à Salette qui pouvait passer à première vue pour un “classique”<br />

avec ses -a féminins, Lespy semblerait un “moderne” avec ses -e; pourtant, il se révèle comme un

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