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Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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Jean <strong>Lafitte</strong> 104 Écriture du gascon<br />

– x ou ix valent le plus souvent /#/ : medix {même}, baxa {baisser}; mais ch, bien que plus rare,<br />

a la même valeur : chic {peu}, chibau {cheval};<br />

– f note quasi systématiquement /h/, soit h fortement expiré comme dans l’anglais “hill”; telle<br />

était en effet la prononciation gasconne du f latin, mais peut-être hésitait-on à l’écrire, au point<br />

qu’on a également employé le f avec la même valeur /h/ en dehors de toute origine latine : faque<br />

{haquenée}, faut {haut}, feume {heaume}, etc.; h pour /h/ est cependant attesté dans le Recensement<br />

des feux de Béarn ordonné par Gaston Fébus en 1385 (publié par Paul Raymond, Pau, 1875) :<br />

Peyrot de La Hiite-Susaa, Berdolet de La Hiite-Jusaa (p. 4); Arnauton de Lahiitau, Arnaut-Guilhem<br />

de Lahiytole (p. 6); Goalharde de Halharet, Harnateg, Artuu Heugar, A. Heuguet (p. 7), etc.<br />

– -rr en finale n’est pas rare (murr {mur}, torr {tour}), marque d’un -/r/ ou -/rr/ qui ne veut pas<br />

s’amuïr; -nn est plus rare, mais est attesté, pour un -/n/ dental (Joann {Jean}).<br />

Enfin, à en juger d’après la prononciation actuelle, certaines consonnes finales pouvaient être<br />

altérées ou amuïes, ou en voie de l’être; ainsi, après voyelle, -b, -g et -d s’assourdissaient peut-être<br />

déjà, respectivement en /-p, -k et -t/; -d et -t après -n ou -r pouvaient être muets (blound {blond},<br />

arcord {accord}, balent {vaillant}, part {part}); et -n de même, après r (carn {viande}, corn<br />

{corne, coin}, forn {four}).<br />

D’autre part, une particularité des textes gascons bien connue des chartistes (Conseils pour<br />

l’édition des textes médiévaux, I, p. 26) est que /!/ était écrit “u” aussi bien que “b”, de telle sorte<br />

qu’au gré des éditeurs modernes, b et v notent indifféremment /!/ et v, parfois /w/, quelle que soit<br />

l’étymologie : abesque ou parfois avesque {évêque}, baque ou vaque {vache}, avè {il avait}, etc.<br />

Cependant, pour avoir des règles écrites de la graphie d’un parler gascon, ou plus exactement<br />

de sa prononciation, il faudra attendre la fin du XVI e s. avec le <strong>Béarnais</strong> Arnaud de Salette. Mais<br />

peu avant lui, c’est l’est gascon qui nous offre matière à réflexion.<br />

3 – Cent-un proverbes anonymes (vers 1500)<br />

Nous devons au folkloriste Jean-François Bladé d’avoir à notre disposition un recueil de 101<br />

proverbes écrits vers 1500 et publiés aux pages 166-187 de ses Proverbes et devinettes populaires<br />

recueillis dans l’Armagnac et l’Agenais (1879, 1976) :<br />

ce sont, écrit-il, « quelques feuillets couverts d’une écriture de la fin du XV e ou du<br />

commencement du XVI e siècle » qu’« Un studieux annaliste auscitain du XVIII e siècle,<br />

l’abbé Louis Daignan du Sendat, dont les œuvres sont encore inédites, a inséré, dans ses<br />

Mélanges » (p. VII) « dont le titre véritable est : Mémoires pour servir à l’histoire de la<br />

ville d’Auch ». Ce manuscrit est conservé à la bibliothèque municipale d’Auch. La<br />

collection des proverbes va de la page 275 à la page 278. » (p. 113). « Ces feuillets<br />

contiennent cent quatre 19 Proverbes et dictons de la Gascogne, très incorrectement<br />

imprimés en 1850, par A. Ph. Abadie, à la suite de son édition du Parterre gascoun de Bedout.<br />

“L’abbé Daignan, dit M. Léonce Couture, n’est pour rien dans l’orthographe, ni dans<br />

le choix et l’agencement des dictons qu’il nous a transmis. Il n’a fait que sauver de la destruction<br />

un petit manuscrit beaucoup plus vieux que lui.” (Léonce COUTURE, Revue de<br />

Gascogne de 1867, p. 553.) Ce précieux manuscrit, ajoute mon excellent ami, “mériterait<br />

d’être publié avec une fidélité scrupuleuse.” » (p. VII).<br />

C’est justement ce qu’a voulu faire Bladé :<br />

« L’orthographe du manuscrit a été respectée, conformément aux désirs manifestés<br />

par certains critiques. Ce n’est donc pas ma faute, si elle laisse a désirer, et si elle n’est pas<br />

la même que celle dont j’ai fait usage pour mon propre compte. » (p. 113)<br />

19 En réalité, on n’en compte que 101, du n° 690 au n° 789, soit 100, plus un double 781, selon la numérotation de Bladé.

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